Lancé par la plainte d'une jeune femme bordelaise victime d'un accident vasculaire cérébral imputé à la prise d'une pilule de 3e génération, le débat autour de ce type de contraceptif prend de l'ampleur
Le ministère de la Santé a décidé mercredi d'avancer de six mois la fin du remboursement des pilules de troisième génération, alors que la polémique enfle autour de ces contraceptifs, utilisés à l'excès en France selon l'agence du médicament (ANSM). La ministre de la Santé, Marisol Touraine, "a pris la décision de mettre fin au remboursement des pilules contraceptives de 3e génération dès le 31 mars 2013". Mme Touraine a en outre demandé à l'ANSM "que la pilule de 2e génération soit systématiquement privilégiée, sauf situations particulières", et que "les pilules de 3e et 4e génération ne (soient) plus proposées en premier choix".
Mardi, le directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), Dominique Maraninchi, a, lui, proposé de réserver aux spécialistes la délivrance de ces pilules, prises aujourd'hui par 1,5 à 2 millions de femmes en France. Il a aussi lancé, mercredi, une concertation sur le sujet avec les professionnels de santé prescrivant la pilule. Une réunion formelle aura lieu dans les prochains jours, mais le Planning familial, les syndicats de généralistes, de gynécologues et de sages-femmes affirment d'ores et déjà leur opposition à une prescription réservée.
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Réaction du syndicat national des gynécologues
Le Dr Jean Marty, président du Syndicat national des gynécologues-obstétriciens de France, estime que ce serait "un cadeau empoisonné". "C'est une mauvaise solution : elle nous donnerait trop de responsabilités. Il vaut mieux informer la population sur les risques", indique-t-il à francetv info.
Réaction du syndicat des médecins généralistes MG France
"Une prescription réservée n'a aucun sens. Si le produit est considéré comme trop dangereux, il faut le retirer du marché, c'est tout", estime le Dr Claude Leicher, président du syndicat de médecins généralistes MG France, joint par francetv info. Un point de vue dont il a fait part au directeur général de l'ANSM, avec lequel il s'est entretenu par téléphone. Dominique Maraninchi lui a d'ailleurs répondu être prêt à discuter de ses propositions.
Réaction du planning Familial
Je ne vois pas l'intérêt de dire que [la prescription des pilules de 3e et 4e génération] sera réservée à des spécialistes", juge de son côté Véronique Séhier, membre du bureau national du Planning familial, interrogée par l'AFP. En "faire une affaire de spécialistes (...) renforcerait le contrôle médical sur le choix des femmes", ajoute-t-elle.