Charlie Le Mindu, 23 ans, est coiffeur pour célébrités à Londres: il travaille pour Lady Gaga, Peaches et bien d'autres. Mais il crée aussi des collections de Haute Coiffure, qui défilent à la Fashion Week de Londres.
C'est sur la bourgeoisie bordelaise que Charlie a fait ses armes à 13 ans dans un "salon de grand-mère". "Je faisais des mises en plis, du classique, mais je me suis vite ennuyé", raconte l'artiste, né en juillet 1986 dans la capitale de l'Aquitaine. Ce qui l'inspire, dit-il, ce sont celles qu'il nomme "les femmes de pouvoir: Nina Hagen, Grace Jones, Rossy de Palma".
Les cheveux sont sa "matière fétiche", il les dresse en casques à écailles, gigantesques corolles ou drapés sculpturaux, jaillis de son joyeux imaginaire teinté de culture underground : avec sa "Haute Coiffure", Charlie Le Mindu, 26 ans, a conquis la planète, Lady Gaga en tête.
Lundi soir à Paris, en marge de la semaine de la Haute Couture dans une boutique branchée du Marais, il a ravi un public hétéroclite venu très nombreux découvrir la dernière collection de cet enfant terrible de la mode, qui a grandi à Bordeaux et choisi Londres pour donner libre cours à sa création.
Baptisée "Metal Queen", cette collection est un hommage à la chanteuse canadienne de metal et de jazz, Lee Aaron, et comprend onze modèles, tous noir et blanc, plus étonnants les uns que les autres: assemblages de coiffes et de perruques élancées, étirées, sculptées, portées sur des robes fourreaux et des bustiers ornés de tresses, de franges soyeuses ou de cascades de mèches.
"Cinq cents heures de travail pour une pièce en moyenne mais le principe est simple, c'est comme pour la Haute Couture: je mets toute ma passion au service d'une création faite en cheveux, quelle qu'elle soit", explique à l'AFP le jeune homme, mince, de petite taille, au regard rieur balayé par deux paupières tatouées des mots "gipsy" et "king".
Un clin d'oeil à son père, "tzigane, nomade et rugbyman", dit-il, en observant ses mannequins perchés sur de hauts talons, qui apprivoisent le sol de la boutique de création RA avant le défilé. Sa mère? "Elle est surtout fan de chirurgie plastique", répond-il, interrogé sur celle dont la musique - "Patti Smith, les Pink Floyd, Iron Maiden" - a bercé son enfance.
"Les cheveux (humains) c'est ma matière fétiche. C'est facile à travailler", explique-t-il, en évoquant brièvement leur provenance "européenne", haiirdreams, une société autrichienne devenue son sponsor, qui s'approvisionne et vend dans le monde entier.
A 17 ans, il part pour Berlin "sans parler allemand, ni anglais, et sans argent". Attiré par sa culture underground, il côtoie le milieu de la nuit et commence à couper les cheveux dans les clubs qu'il fréquente, lançant le concept du "salon pop up".
"C'est le bon goût du mauvais goût que j'aime ici, il est drôle, il m'inspire. La beauté c'est d'abord une question de bien-être intérieur", dit-il. "C'est un génie, il est créatif, innovant, talentueux ! ", s'exclame son ami et figure newyorkaise de la mode André J, mannequin Noir transsexuel barbu aux longs cheveux venu défiler pour lui à Paris.
Voir le reportage de Marie Neuville et Jean-Michel Lidvine
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