La Région n'est pas épargnée par la crise. Les secteurs comme le bâtiment souffrent, par exemple, de la hausse de la TVA et de la concurrence de l'Espagne, fortement touchée par le chômage.
La crise économique est aussi une crise de confiance en l'avenir. Les petites entreprises et les artisans adoptent une position attentiste devant des perspectives moroses, à l'image de Gilles Biraud. L'artisan-peintre bordelais emploie actuellement 8 salariés mais sa société tourne au ralenti.
La liste des inscrits à Pôle emploi en France s'est encore allongée en janvier, où 43.900 chômeurs sans activité supplémentaires ont été recensés, dont 21.100 en raison d'un "effet statistique" exceptionnel, portant leur nombre à 3,169 millions, proche du record de 1997 (3,19 millions).
Sans cette réforme de la procédure de radiation, le nombre de nouveaux inscrits aurait été de 22.800.
En incluant ceux exerçant une activité réduite, 60.800 chômeurs de plus ont été comptabilisés, dont 24.000 en raison des effets de la réforme (36.800 sans cette réforme), pour atteindre 4.680.200 personnes.
Comme chaque année, le ministère du Travail a par ailleurs revu l'ensemble de ses statistiques mensuelles depuis 1996. Il a réévalué le record absolu à 3.195.500 (au lieu de 3,205 millions) demandeurs d'emploi sans activité en janvier 1997 en métropole, un chiffre qui pourrait être atteint dans un ou deux mois.
Avec l'Outre-mer, 4,96 millions de personnes étaient inscrites sur les listes du service public de l'emploi, dont 3,42 millions sans activité.
"Corrigé de l'effet de (la réforme des radiations), cette progression, inférieure à l'évolution moyenne constatée au second semestre 2012, était attendue et s'explique avant tout par le recul de l'activité fin 2012, dans le prolongement de la tendance à l'œuvre depuis plus de 20 mois", a réagi le ministère du Travail dans un communiqué.
Cette réforme consiste, conformément aux recommandations du médiateur de Pôle emploi, à rayer des listes les demandeurs d'emploi ayant manqué à leurs obligations à partir de la date de la notification de leur radiation, et non plus, de manière rétroactive, à la date du manquement.
Cela engendre, exceptionnellement, pour le mois de janvier, un nombre moindre de sorties pour radiations.
"C'est une mesure favorable aux allocataires, réclamée depuis longtemps, mais nos prédécesseurs n'avaient pas voulu prendre de mesures qui avaient pour effet l'accroissement du nombre de demandeurs d'emploi. On a pensé que tout le monde aurait l'intelligence de voir la différence entre un accroissement mécanique un mois donné" et une véritable hausse, a-t-on expliqué au ministère du Travail.
Drame social
L'entourage de Michel Sapin a par ailleurs réaffirmé à l'AFP qu'il n'y avait "pas de renoncement" et que l'objectif, affirmé à plusieurs reprises par François Hollande, était toujours d'"inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année".
Deux mois après avoir réitéré, lors de ses voeux aux Français le 31 décembre, son engagement de parvenir "coûte que coûte" à inverser la tendance, le chef de l'Etat, s'il continue d'afficher son volontarisme, semblait samedi moins affirmatif, liant désormais l'inversion de la courbe à une anticipation de la reprise de la croissance, qui n'est pas prévue avant 2014.
Pour redresser la barre, l'exécutif mise sur les nouveaux outils de la politique de l'emploi. Or le dispositif des emplois d'avenir, destiné aux jeunes pas ou peu diplômés, monte très lentement en puissance. Selon Jean-Marc Ayrault, "près de 8.000" des 100.000 escomptés d'ici à la fin de l'année seraient sur les rails.
Les conséquences à court terme du contrat de génération, dont la loi va être promulguée, et de la loi sur la sécurisation de l'emploi, qui sera débattue au printemps, restent hypothétiques.
D'après Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, ces outils "peuvent juste limiter la casse". Pour l'expert, "il faudrait un minimum de 1,5% croissance annuelle pour pouvoir inverser la courbe du chômage et on en est très loin".
Mais ce qui alarme le plus les observateurs est l'explosion du nombre de chômeurs de longue durée (près de deux millions) et l'arrivée de plus en plus de demandeurs d'emploi en fin de droits à l'indemnisation.
Un phénomène qui a pris une dimension de drame social le 13 février, à Nantes, avec l'immolation par le feu d'un chômeur en fin de droits devant son agence Pôle emploi.
"Derrière ces chiffres, ce sont autant de réalités très difficiles, sur le plan économique, mais aussi sur le plan social et humain", a souligné la CFDT dans un communiqué, appelant à "ne pas laisser tomber les chômeurs" et à maintenir le niveau des allocations chômage.