Durant une assemblée, à Londres en 1971, le Congrès Mondial Tzigane a, à l'époque, décidé qu'une journée serait consacrée à la cause des Roms à travers l'Europe et le Monde. Cette journée veut attirer l'attention de tous sur la communauté Rom : l'origine, les conditions d'existence, leur présence.

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Qui sont les Roms ?

L'Europe en tant qu'entité intègre dans ce mot toutes les communautés qui ont une origine indienne, qui vivent selon un mode social différent des sociétés dans lesquelles ils vivent, qui ont choisi le voyage comme mode de vie et d'existence, en somme, l'Europe désigne sous le nom de Roms : les Manouches ou Sinté, les Roms et les Gitans.

Où vivent-ils ?

Tous vivent pour l'essentiel en Europe, 10 à 12 millions d'individus composent la communauté Rom, mais ils sont présents dans 136 pays dans le Monde. Il y a aussi des Roms aux Etats-Unis, au Chili, au Kazakhstan, en Algérie ... L'ONU intègre dans un autre terme, celui de Tsiganes, tous les individus qui peuvent se revendiquer d'une origine commune avec l'Inde, les trois communautés citées précédemment.

Leurs origines

La théorie sur l'origine des Roms suppose qu'ils viennent de l'Inde, peuple vivant dans la plaine du Gange. Ils ont quitté cette terre originelle pour un long périple vers l'Ouest aux environs de l'année 952. L'instauration des castes les plaçaient dans une situation de parias cantonnés aux tâches les plus ingrates. Des représentants de ce peuple originel vivent encore en Inde.

En France

En 1419, ils apparaissent pour la première fois dans les écrits d'un syndic de la paroisse d'une commune près de Chalons-sur-Saône. Ensuite ils se dispersent dans l'Europe, y vivent au cours des siècles des aventures et mésaventures, tantôt tolérés, tantôt pourchassés. Les Roms sont considérés comme esclaves jusqu'en 1860 en Roumanie. Durant la Seconde Guerre Mondiale, ils sont raflés, considérés en France comme des espions potentiels avant la débâcle. Ils sont internés dans 39 camps répartis dans toute la France, gardés par des fonctionnaires français, puis livrés à l'occupant nazi. Ailleurs, ils empruntent les convois ferroviaires pour Dachau, Auschwitz, Sobibor, Buchenval. Les instances Roms estiment à plusieurs centaines de milliers d'individus de la communauté qui périrent au nom de la solution finale au même titre que les communautés désignées par la théorie nazie  pour une éradication. Au cours des siècles, le rejet, les persécutions ont souvent animé les comportements des individus envers les Roms, et pourtant les Roms sont encore là, ils ont ployé sous la tempête mais comme des roseaux se sont relevés un peu plus tard.


La répartition des Roms en Europe.

Les Roms ont une zone de répartition sur l'Europe centrale, les anciens pays satellites de l'ex-URSS, les pays du Nord de l'Europe, les Sinté vivent en Europe occidentale autour de la France, ses pays limitrophes à l'Est. Quant aux Gitans, ils vivent dans la péninsule ibérique et autour de celle-ci. Longtemps, les Roms étaient cantonnés à vivre dans les pays pris sous la domination soviétique. Toute leur vie, de la naissance à la mort, était gérée par les principes du communisme, le parti gérait tout pour le prolétariat, les Roms étaient valorisés au travers de leur particularisme dans des syndicats, des cellules de militantisme, des quartiers réservés. La chute du Mur et du système soviétique dans tous les pays satellites a eu raison de l'amélioration de la condition de vie des Roms. Rejetés, cantonnés à des bidonvilles dans les villes et les villages, les Roms sont entrés dans une ère de survivance, rejetés vers les métiers les plus ingrats, taxés des méfaits les plus criminels, à juste titre à l'issue d'enquêtes judiciaires et de procès, mais aussi la cible de rumeurs, de la vindicte populaire. L'Europe occidentale a pris en compte ses populations migrantes, en surveillant les déplacements par la détention d'un carnet de circulation en France, par l'obligation de se sédentariser en Espagne et en Angleterre.

Victime de discriminations.

Depuis 2010, la France a fait le choix de contraindre la liberté de circuler à travers l'espace Schengen pour une communauté précise, les Roms arrivant des pays de l'Europe orientale : Roumanie, Bulgarie, Kosovo, Serbie, Albanie, République Tchèque. Ils sont assujettis à une forme de visa pour séjourner en France d'une durée de trois mois, s'ils ne peuvent pas justifier de ressources suffisantes pour ne pas solliciter l'Etat devenant ainsi une charge trop lourde pour les services sociaux. Le Conseil de l'Europe a été maintes fois critique envers la politique des expulsions de Roms en France, sur l'impossibilité de circuler librement, de travailler pour les Roms.

Le même Conseil de l'Europe a obtenu de l'ambassadeur de France auprès de l'instance internationale de participer à un programme de formation de médiateurs Roms pour améliorer les relations entre les institutions et les communautés endogènes et exogènes Roms. Le programme s'appelle Romed, il s'applique dans 17 pays de la Communauté Européenne. La France compte une cinquantaine de médiateurs Roms, issus de la communauté ou ayant l'expertise de ces communautés. Le Conseil de l'Europe demande aux Etats le respect des droits fondamentaux inscrits dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme de 1948, texte de la genèse d'une Europe comme communauté d'individus ayant des droits.

Les législations spécifiques pour les Roms.

Migrants, ces populations sont en quête de conditions de vie meilleures que celles dans leur pays d'origine. Les Bulgares vivent dans leur pays avec 1 € par jour, quand ils traversent les frontières, ils partent à la recherche de moyens de subsistance, sans toujours faire usage de pratiques délictueuses, ni d'appartenance à des réseaux. Les services de police savent très bien identifier les pratiques criminelles imputables aux Roms, ils constituent des fichiers, recoupent des informations, et neutralisent les délinquants. Les Roms migrent vers la France pour des raisons économiques, ils conservent des liens avec leurs groupes restés dans les pays d'origine, dans les quartiers réservés, comme les "maralas" bulgares. Ils sont devenus des migrants économiques, l'argent n'est pas toujours dépensé sur place, mais thésaurisé pour redistribuer dans leurs villages bulgares. Comme le firent nos immigrants algériens, marocains, espagnols, portugais, italiens, polonais à différentes époques de l'histoire de la France.

Depuis 1902, l'Etat français surveillent la population sinté ou manouche par l'obligation dès l'âge de 16 ans de détenir un carnet de circulation. A l'époque c'est un véritable carnet anthropométrique, avec des indications dignes d'une fiche de renseignements de police judiciaire à faire viser dans toutes les communes où les individus séjournaient avec leur caravanes, le visa était donné par les gendarmes. Ils profitaient de l'occasion pour fouiller les affaires, au propre comme au figuré.  Les conditions de détention du carnet de circulation se sont assouplies au fil des années. Depuis 1969, les renseignements de l'Etat-civil sont moins larges. Les caractéristiques anthropométriques ont disparu. Le visa est passé à trois mois toujours dans les locaux de la gendarmerie ou de la police nationale, avec consultation des fichiers informatiques. Les déplacements sont maintenant assujettis à la capacité des villes à détenir des aires d'accueil pour les gens du voyage.

Des aires pour gens du voyage

Quand les communes sont en conformité, le stationnement devient illégal sur l'ensemble de leur territoire. S'il n'y a plus de disponibilité sur les aires, il faut aux Gens du Voyage aller voir plus loin. Une contrainte supplémentaire quand on sait que les raisons des déplacements sont la quête de moyens économiques ou des rencontres entre groupes familiaux. Un rapport de la Cour des comptes d'octobre 2012 fait un bilan de la question des aires d'accueil des Gens du Voyage en France. En début d'année, le Conseil constitutionnel a rendu un avis après avoir été saisi sur une Question Prioritaire de Constitutionnalité, sur la qualité du carnet de circulation. Le Conseil a jugé le carnet de circulation comme non conforme à la Constitution sur le principe de l'égalité des individus, le carnet doit être réformé. Sur les conditions d'attributions, il ne doit plus être fait mention de la difficulté de subvenir par son activité à ses besoins, sur l'attribution d'une commune de rattachement et aux droits inhérents, comme le droit de vote.
 
Pour les Gens du voyage, il faut justifier d'un délai de rattachement à une commune pendant trois ans avant de pouvoir avoir le droit de s'inscrire sur les listes électorales alors que pour un SDF, errant miséreux de nos villes, il lui suffit de justifier de sa présence dans une commune depuis au moins six mois pour pouvoir s'inscrire sur les listes électorales et voter. On ne peut être rattaché à une commune que si la population des Gens du Voyage n'excède pas 3% de la population totale de la commune.

De gros progrès à faire.

Les Roms sont pour l'Europe la plus grande minorité intra-communautaire forte de 10 à 12 millions d'individus. Des progrès sont à faire en matière de droits fondamentaux, souvent il est rappelé aux membres des communautés Roms, qu'ils soient Sinté, Manouches, Roms ou Gitans " vous devez" faire ceci ou faire cela, mais ils ont aussi des droits, l'Europe demande que l'on respecte les droits de ses citoyens européens, de tous les citoyens européens.
Il est plus difficile en France de prendre en compte une communauté spécifique dans une approche positive, de respect, de construction du particularisme, la République est une et indivisible, la Nation française est faite de l'ensemble de personnes qui partagent un idéal commun, une vision de l'histoire de son pays comme sienne, d'individus qui se rallient derrière un hymne, un drapeau, des convictions communes.

Alors les modes de vie, la pratique sociale de certains groupes qui tentent de se dissocier de l'ensemble sont stigmatisés. Les Manouches ont une conception sociale de la relation à l'autre quand il appartient à la communauté comme égalitaire, mue par des objectifs de cohésion sociale, entretenues par la construction de groupes qui partagent sur le long terme des moments de vie. Ils se satisfont de cette vie, ils sont nés dans un groupe, participeront à la croissance de ce groupe par le mariage et la procréation, l'essentiel est le quotidien, subvenir aux besoins de sa famille en gagnant quelques subsides pour se nourrir.

Il ne faut pas penser que les ponts entre la société englobante et les Manouches et Gens du Voyage vont se construire avec la rapidité d'une construction physique d'un pont entre deux rives. Beaucoup de stigmates sont produits de part et d'autre des entités, l'une tient à l'assimilation, l'autre à la dissimulation ; l'une tente la contrainte, l'autre opte pour la liberté ; l'une se veut idéale, l'autre est sociale ; l'une a une philosophie étatique, l'autre fait preuve de pragmatisme.
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