L'Europe vient d'interdire pendant deux ans l'usage de trois molécules dans la fabrication de pesticides mortels pour les abeilles. Ce moratoire voté par 15 pays européens et qui va prendre effet à partir de décembre ne concerne que quatre cultures: le maïs, le colza, le tournesol et le coton.
Cette interdiction concerne trois insecticides appartenant à la famille des néonicotinoïdes: le clothianidine, l'imidaclopride et le thiaméthoxane. Ils sont parmi les plus fréquemment utilisés au monde et sont accusés de décimer les abeilles et autres insectes pollinisateurs.
A Bruxelles, le vote de ce moratoire avait déjà été repoussé une première fois, il a abouti en début de semaine malgré l'opposition de certains pays comme le Royaume-Uni et l'Italie et en réussissant à déjouer le lobbying des fabricants agrochimiques.
La Commission européenne a motivé son avis en s'appuyant sur un avis négatif rendu par l'Autorité européenne pour la sécurité des aliments.
Le projet était attendu par toute la filière apicole et les associations environnementales. Depuis 2007, le taux de mortalité des abeilles dans le monde s'élève à environ 30% chaque année.
Ce moratoire n'est cependant qu'une demi-victoire pour les opposants aux pesticides et en premier lieu, les apiculteurs. En effet, l'interdiction ne concerne que quatre cultures ( maïs, colza, tournesol et coton) et n'est pas étendu par exemple au blé, à l'avoine et à l'orge qui représente environ la moitié des espaces cultivés dans une région comme le Poitou-Charentes.
De plus, les apiculteurs font remarquer que les pesticides ont une durée de vie qui excède celle d'un assolement, du tournesol cultivé après du blé par exemple ne sera pas exempt d'insecticides jugés dangereux.
Dans le monde agricole, cette décision divise mais les agriculteuirs sont nombreux déjà à rechercher des alternatives aux pesticides et à n'envisager de traiter que là où celà se révèle indispensable.
Explications et réactions dans le reportage tourné par Anne-Marie Baillargé et François Gibert. Ils ont rencontré Francis Chauvancy,
Vice-président du syndicat des apiculteurs du centre-ouest, François Chauveau, responsable de la commission des grandes cultures FRSEA Poitou-Charentes et Daniel Gauthier, agriculteur et apiculteur.
