Ancien gardien de but professionnel, Nicolas Ardouin a décidé de mettre à disposition son savoir pour former de jeunes gardiens de but, en structure de haut niveau, mais aussi dans une école accessible aux jeunes. Le poste de gardien de but est ambigu, ce poste est souvent haï ou rarement adulé.
Depuis quelques années, fort d'un diplôme national pour assurer l'encadrement des entraînements de jeunes (et ceux du Stade Bordelais en priorité), Nicolas Ardouin a su gérer sa reconversion. Et avec un certain succès puisqu'il assure la formation des jeunes gardiens du Pôle Espoir de la Ligue aquitaine de Football de Talence, section dirigée pas Benoît Michelena.
Il sait partager son expérience avec un public plus large, dans une structure dédiée, génération gardiens de but, qui permet à de jeunes gardiens de parfaire leurs gestes à ce poste. Aussi, il est accompagné lors des stages pendant les vacances, pour aider à encadrer les jeunes, par l'oncle de Mathieu Valbuena, Luis Valbuena. L'enseignement spécifique est assez confidentiel concernant ce poste, pourtant dans le football moderne, il est essentiel dans le jeu d'une équipe.
Un poste où règne une sensation de grande solitude
Yachine, Zoff, Baratelli, Barthez, Ettori, Neuer, Cech, des noms de célèbres gardiens de but, à des époques différentes. Ils ont marqué ou ils marquent encore actuellement de leur empreinte l'image du gardien de but, et par conséquent, le jeu de ce poste atypique.Les gardiens de but ont deux adversaires dans un match : les joueurs de l'équipe adverse lorsqu'il s'oppose au projet d'ouverture du score mais aussi ses propres coéquipiers, lorsque le ballon finit au fond des filets. En conséquence, lorsque l'on a choisit ce poste, par conviction et non par défaut, le gardien de but doit redoubler de capacités physiques et mentales pour résister à ces situations. Il peut ne pas avoir à intervenir dans un match ou bien être assailli de toutes parts, il doit résister et être efficace immédiatement. Il n'est surtout pas dans la situation d'un joueur dit "normal", jamais en dilettante, à l'affût du jeu et de sa progression vers ses cages. Pourtant il est assez rare de voir les joueurs, dans les catégories de jeunes et même plus, se tourner vers le gardien pour le féliciter à la fin du match, le seul moment où il est assailli, c'est lors de l'arrêt de tirs au but en cas d'égalité après le temps de jeu.
Dernier défenseur et premier attaquant
Comme le signale Nicolas Ardouin, un gardien de but ne peut plus être d'un niveau de jeu plus faible que ses coéquipiers. Il se doit de pouvoir jouer des deux pieds, du droit comme du gauche, pied fort comme pied faible, parce qu'il peut être confronté de plus en plus au duel avec les attaquants.Le gardien de but est l'ultime défenseur, son rôle dans le jeu moderne ne se résume pas à faire de superbes envolées, comme on dit dans le jargon, "ce genre de plongeon, c'est pour la télé !". Le gardien de but est celui qui dirige sa défense, il doit, dans sa vision du jeu, comprendre rapidement la stratégie de l'adversaire, être un temps en avance sur l'intention offensive.
La pédagogie autour de la formation du gardien a de plus en plus évolué, le jeu offensif a aussi progressé. Les buts sont maintenant marqués de plus en plus souvent sur des coups de pied arrêtés. La stratégie cherche la faille, placer le ballon dans le carré des derniers six mètres avant le but, tout ceci pour limiter le champ d'action de la défense et du gardien.
La devise est chère au responsable d'une école de football d'un grand club régional : "dernier défenseur et premier attaquant". Le jeu moderne du football ne passe plus par des attaques appuyées sur une structure centrale, le jeu doit se poser à l'arrière, le gardien de but doit donc dans sa relance analyser le jeu.
Ajouter à cela, les exercices de prise de balles, la pratique des appuis, la position dans le but, les surfaces de frappe du pied, l'explosion des courses de vitesse, la détente verticale et horizontale ; les pédagogues, comme Nicolas Ardouin, savent que l'on forme le gardien comme les joueurs de champs, jeunes, par une répétition continue du geste parfait pour qu'il devienne naturel dans l'exécution. C'est un travail de longue haleine, mais puisque le poste est un peu délaissé par les jeunes, lorsqu'un gardien s'investi dans sa tâche, l'encadrement voit rapidement les effets de ce travail.
Regardez le reportage de Nicolas Morin et Bertrand Joucla-Parker.