Dis-moi où tu habites et je te dirai tes probabilités de réussite scolaire. L'ouvrage "Géographie de l'école 2014", publié par le ministère de l'Education nationale, cartographie les disparités sociales de contexte scolaire et de moyens alloués à l'école d'un territoire à l'autre.
Cette "Géographie de l’Ecole 2014" propose une nouveauté, élaborée en collaboration avec quatre chercheurs du Centre d’études et de recherches sur les qualifications en proposant une carte canton par canton des facteurs qui peuvent nuire ou contribuer à la réussite scolaire.
Pour Catherine Moisan, directrice de la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), "Il existe des inégalités sociales mais aussi territoriales ou de la diversité, dues à autre chose que la dimension sociale. Il y a des facteurs historiques et culturels très complexes".
Le constat s'impose : tous les élèves n'ont pas les mêmes probabilités de décrocher leur bac, ou de se retrouver en échec scolaire, suivant leur lieu d'habitation, leur milieu socio-économique et leur structure familiale.
Le sud de la Charente-Maritime défavorisé
Par exemple, mieux vaut être scolarisé dans l'académie de Rennes, Nantes ou Grenoble (+de 90% de succès au bac), qu'à Créteil, Amiens ou en Guadeloupe. Certaines zones cumulant plusieurs problèmes sociaux et démographiques enregistrent des très fort taux d'échec scolaire. C'est le cas dans le Nord, sur tout le pourtour méditérranéen et en Seine-Saint-Denis.En revanche dans l'ouest ( à l'exemple de la Bretagne toujours en tête du palmarès) et le sud-ouest, les résultats aux examens sont généralement supérieurs à la moyenne.
Dans l'académie de Poitiers, un point noir se dessine cependant à l'extrême sud du département de la Charente-Maritime, une zone très rurale et économiquement fragile ainsi que le nord de la Gironde voisine.
Dépenses par élève très variables
"Géographie de l'école" met en parallèle une carte des zones à risque d'échec scolaire, précise au niveau du canton, et une carte des jeunes de 15-24ans sans diplôme non scolarisés, qui va de 19% dans l'académie de Rennes à 36,5% en Corse.
Cependant, "la correspondance entre zones cumulant les difficultés sociales et zones à parts élevées de jeunes non diplômés est fréquente, mais pas systématique", souligne la publication. Des facteurs comme l'histoire industrielle ou les politiques publiques peuvent intervenir.
Les dépenses par élève varient fortement, qu'elles proviennent de l'Etat, qui verse les salaires des personnels, ou des collectivités locales, responsables de la construction des établissements, de leur équipement et de leur fonctionnement.
L'Etat dépensait en 2011 en moyenne nationale 3.130 euros par écolier, 5.570 par collégien, 7.660 par lycéen
Ces sommes étaient plus élevées dans les régions Lorraine, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Bourgogne, Auvergne, Limousin et Corse, mais
plus faibles en Bretagne et Pays de la Loire où 40% des élèves fréquentent le privé sous contrat.
Côté collectivités, les dépenses par élève du secondaire variaient en 2011 du simple au triple suivant les régions.
Dans le secondaire, la mixité sociale est très variable selon les régions. En Ile-de-France, des écarts très forts entre lycées très réputés et plus populaires sont notés alors que dans l'ouest, les établissements sont un peu plus mixtes socialement que ce soit dans le public ou le privé.