Les travaux de la Ligne à Grande Vitesse ont permis aux archéologues de faire de belles découvertes tout au long du tracé. Ainsi, du côté de Jaunay-Clan, ils ont fait une incroyable trouvaille.
Après deux ans de prospections et de fouilles dans les entrailles du chantier de la LGV, entre Ste-Maure-de-Touraine (Indre-et-Loire) et Sauzé-Vaussais (Deux-Sèvres), l'équipe de paléontologues et de bénévoles de l'association Palaios, menée par Xavier Valentin et Patrice Ferchaud, a découvert en mai 2014 des restes de coléoptères, d'ailes d'une nouvelle famille de libellules et surtout trois petites plumes de duvet d'un petit dinosaure carnivore âgé de 100 millions d'années.
Une découverte incroyable
Ces plumes de dinosaures, dont des spécimens semblables avaient été découverts enfermés dans de l'ambre dans le Poitou, "couvraient les corps de dinosaures de petite taille, entre 0,80m et 1,20m de long", a expliqué Xavier Valentin, ingénieur paléontologue de l'université de Poitiers et responsable de Palaios."Adeptes de la course, ils ne volaient pas mais couvaient des oeufs. Ce sont les ancêtres de nos oiseaux. Cette découverte incroyable conforte l'idée que certains dinosaures étaient couverts de plumes et non d'écailles", a-t-il ajouté.
Ces trois plumes ont fait l'objet d'une publication auprès de l'Académie des sciences.
Gisement de référence
Les fossiles collectés sur la commune de Jaunay-Clan (Vienne) en font "un gisement de référence" désormais considéré comme le troisième plus important site d'Europe pour cette période-là après celui de Hongrie et celui près de Tonnay--Charente (Charente-Maritime). "C'est un site exceptionnel par sa concentration sur une période clé du crétacé supérieur, base de l'émergence des plantes à fleurs. Nous avons trouvé une flore très diversifiée", a ajouté M. Valentin, se félicitant également de la découverte d'un des plus anciens nénuphars connus.
Comme un livre ouvert sur le passé
Ces recherches ont pu être menées grâce au chantier de la LGV, "une grosse tranchée sur une centaine de kilomètres", prospectée à pied tous les week-ends pendant deux ans par les membres de l'association "comme un livre ouvert sur le passé". Ce "site éphémère" sera recouvert par la pose des rails, mais une cartographie latérale en dehors de la trace, à 5-6 mètres de profondeur, pourra permettre d'autres fouilles ultérieurement.Ces fossiles collectés livreront tous leurs secrets après études menées par des chercheurs de l'université de Poitiers, de Rennes et de l'Institut royal des sciences naturelles de Bruxelles. Après un passage dans une exposition itinérante "Le rail du passé", ils viendront enrichir les collections de l'université de Poitiers.
Voyez les explications en images de Marie-Noelle Missud et François Gibert (intervenants: Xavier Valentin, responsable de l'association Palaïos)
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