François Fillon, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, qui président provisoirement l'UMP, exhortent mercredi François Hollande à intervenir au Proche Orient - Gaza et Irak - pour éviter "le déshonneur".
Dans une lettre ouverte au chef de l'Etat publiée par Le Monde daté du 14 août, les trois ex-Premiers ministres proclament : "la France a le devoir de faire entendre sa voix. Au risque du déshonneur".
Ils demandent notamment "un engagement massif" de l'UE pour les réfugiés et "le soutien sans ambiguïté" aux actions militaires pour stopper l'avance des jihadistes en Irak.
"Le Proche-Orient brûle et l'Europe regarde ailleurs !", s'exclament les trois dirigeants d'opposition dans une formule faisant écho au cri d'alarme poussé en 2002 par Jacques Chirac sur l'environnement ("notre maison brûle et nous regardons ailleurs").
"Tous les fragiles équilibres de cette région sont remis en cause", analysent les trois dirigeants d'opposition. "Les Etats-Unis et la Russie y ont perdu une
grande partie de leur influence. De nouvelles puissances émergent : l'Iran, la Turquie. Les Etats arabes sont affaiblis par les désordres qui affectent leurs
sociétés".
"Il en résulte une résurgence du conflit religieux entre chiites et sunnites avec ses conséquences dramatiques sur les minorités chrétiennes d'Orient. Le conflit israélo-palestinien est dans une impasse sanglante à Gaza".
"L'Europe n'a pas seulement le devoir d'intervenir, c'est son intérêt", martèlent les trois ex-chefs de gouvernement.
"Le cratère ouvert de Syrie et celui de l'Irak nourrissent une menace terroriste franco-européenne qui demain, peut avoir des conséquences redoutables sur la sécurité de notre pays et de l'Europe". De plus "la zone est capitale pour notre sécurité énergétique".
"Depuis deux ans, la politique étrangère française oscille au Proche-Orient entre passivité et suivisme. Celle de l'Europe y est illisible", déplorent-ils.
"Nous devons répondre sans attendre aux urgences humanitaires à Gaza comme en Irak", ajoutent-ils. "Les initiatives de la France et de la Grande-Bretagne vont dans le bon sens mais elles sont insuffisantes. C'est un engagement massif de l'Union Européenne qui est nécessaire et c'est
maintenant !".
Pour eux, "la question de l'accueil des réfugiés de ce conflit dans nos pays doit être résolue collectivement. Notre soutien aux actions militaires pour stopper l'avance des jihadistes doit être sans ambiguïté. Enfin, nous devons tenir compte des nouveaux équilibres géopolitiques et associer la Turquie, l'Iran et les pays du golfe à la résolution de cette crise".