Les négociations avec les pilotes se poursuivent mais la grève aussi. Ce vendredi un avion sur deux restera bloqué sur les tarmacs.
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La direction d'Air France a confirmé ce matin aux syndicats, en CCE, l'abandon "définitif" du projet de low cost Transavia Europe. Elle espérait ainsi mettre fin à la plus longue grève jamais organisée par ses pilotes. Peine perdue. Les syndicats maintiennent le mouvement jusqu'à la fin des discussions.
Ces discussions portent maintenant sur le développement de Transavia France selon Guillaume Schmid, le porte-parole du SNPL, syndicat majoritaire.
"Chaque partie est dans une volonté d'aboutir au plus vite", a-t-il noté.
D'ores et déjà, il s'agit du plus long conflit de pilotes d'Air France, le précédent record, de 10 jours, ayant eu lieu en 1998.
Dans les aéroports, la moitié des avions Air France vont donc rester cloués au sol.
Le taux de pilotes grévistes est estimé à 62% pour jeudi et à 58% vendredi.
Les inquiétudes des syndicats se cristallisent autour du développement de la filiale low cost Transavia, au coeur du plan "Perform 2020", censé doper la croissance du groupe AF-KLM. Il fait suite au plan de restructuration "Transform 2015", qui s'est traduit par la suppression d'environ 10% des effectifs.
Le groupe aérien franco-néerlandais AF-KLM, numéro 2 européen derrière l'allemand Lufthansa, entend se positionner sur le marché des vols à bas coût et capter les "opportunités de croissance" qu'il pourrait lui offrir. Dans son viseur: Ryanair et easyJet, les poids lourds du low cost en Europe.
En août, la direction avait assuré à ses salariés que la réorganisation à venir du réseau court et moyen-courrier d'Air France n'entraînerait "aucun transfert" de personnel, de contrats de travail ou d'appareils. Des promesses qui n'ont visiblement pas convaincu les pilotes.
"Plus la grève dure, plus la facture s'alourdit, et tous les salariés vont devoir la payer. On a fait deux ans d'efforts et tout est balayé en 10 jours", s'est désolée de son côté Béatrice Lestic, syndicaliste de la CFDT.
Air France a chiffré le coût de la grève entre 15 et 20 millions d'euros par jour.
"L'après-grève va être horrible à gérer", prédit Bruno Nègre, de la CFE-CGC, qui dénonce une nouvelle fois une "grève corporatiste", qui annihile tous "les efforts faits par d'autres, les personnels au sol".