A Aytré (17), un camp de Roms est installé depuis plusieurs années sur un terrain appartenant à la communauté d'agglomération de la Rochelle. Des rumeurs d'explusion pour ce jeudi 27 novembre circulaient depuis plusieurs jours. Celle-ci n'a pas eu lieu et a été reportée.
Alexandro a 46 ans. Il a quitté la Roumanie il y a trois ans. "Là-bas, je gagnais 200 euros par mois comme électricien sur les chantiers. Mais la vie est aussi chère qu’ici. C’est pour ça que j’ai quitté mon pays." Aujourd’hui, il vit avec une trentaine d’autres Roms sur un terrain de la communauté d’agglomération de La Rochelle, à Aytré, coincé entre un terrain vague et un terrain de foot. Ils partagent un groupe électrogène pour quinze caravanes."Etre Rom c’est difficile. Tout le monde pense qu’on est des voleurs. Mais on veut juste travailler."
Pas de douche, pas de toilette
Des caravanes délabrées, isolées au scotch. Pas de douche, pas de toilette. "Ici pour l’eau on va, on va à la fontaine du stade. Ça sert pour la cuisine et la vaisselle. Pour la toilette on se débrouille", explique Alessandro un peu honteux.
L’image négative leur colle à la peau
Depuis le 1er janvier 2014, les Roms ont le droit de travailler en France. Ils sont citoyens européens. Mais dans les faits, il leur est presque impossible d’accéder au marché du travail. Leur image leur colle à la peau. "Il y a des mauvaises personnes parmi les Roms comme dans toutes les communautés. C’est pas parce que je suis Rom que je suis un voleur".
Des conditions de vie difficiles
Pour la ligue des Droits de l’Homme cette situation est intenable. "Non seulement, ils vivent dans une grande misère mais en plus ils craignent d’être expulsés chaque jour ", s’indigne Henri Moulinier, président de la section LDH La Rochelle-Aunis. Ce matin un huissier devait venir au camp leur notifier leur expulsion. En fait l’évacuation a été reportée."L’expulsion ne réglerait rien, explique Henri Moulinier, ils iraient ailleurs. Mais où et dans quelles conditions ? En plus leurs caravanes ne peuvent pas rouler."
"Si on les déplace tout le temps, ils ne pourront jamais s’intégrer"
Ce matin, elle est venue les rassurer. "Ne t’inquiète pas Janina, la police ne viendra pas aujourd’hui… " Janina sourit à nouveau, sa petite fille de trois ans serrée contre elle. Elle va pouvoir souffler à nouveau. Mais demain ?Insoluble, le problème des camps illégaux de Roms ? Anita Porcel, chef de service du Samu social de La Rochelle n’est pas de cet avis. " Ils ont juste besoin de conditions de vie dignes. Leurs enfants sont scolarisés. Ils apprennent le français avec nos intervenants. Si on les déplace tout le temps, on ne pourra jamais les intégrer ", assure Anita qui vient les voir deux fois par semaine.
Un terrain de la communauté d'agglomération
Le terrain où sont installés les Roms appartient à la communauté d’agglomération de La Rochelle. C’est un terrain privé qui est utilisé comme parking provisoire pour le Grand Pavois. La Ligue des Droits de l’Homme de la Rochelle demande à la préfète de Charente Maritime et au président de la CDA de se réunir autour d’une table pour trouver une solution de logement décent pour ces familles.Le reportage de Marine Rondonnier et Brice Baubit :
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