L'annonce a fait l'effet d'une bombe vendredi : le fabricant américain de compteurs électriques va licencier 124 personnes sur les 277 qu'il emploie dans son usine française basée près de Poitiers. Un mouvement de grève est annoncé lundi.
C'est un plan social pour le moins inattendu. Le fabricant américain de compteurs électriques Itron a annoncé hier vendredi, 124 licenciements dans son usine française de Chasseneuil-du-Poitou (Vienne), soit presque la moitié des effectifs de cette unité de production qui emploie 277 salariés.Un coup de tonnerre
Dans la région, ce plan social décidé par la maison-mère (basée à Liberty Lake dans l'Etat de Washington,NDLR) a eu l'effet d'un coup de tonnerre. "C'estl'abattement. Depuis les années 90 on avait connu des plans sociaux, mais pas de cette ampleur", a déclaré à l'AFP Bruno Richard, délégué CGT.
Cette situation s'explique aujourd'hui, selon ce syndicaliste, par "de mauvais choix stratégiques". "Les salariés ont un sentiment de révolte parce qu'ils ne
comprennent pas, et ils ont le sentiment qu'on veut faire tomber Chasseneuil-du-Poitou", a-t-il ajouté.
Réunis en intersyndicale, les salariés annoncent un mouvement de grève sur le site poitevin pour le 19 janvier.
1,2 millions de compteurs
Pourtant, il y a moins de six mois, l'usine de Chasseneuil-du-Poitou avait été retenue parmi six autres pour fabriquer le nouveau compteur électrique intelligent "Linky" pour le compte d'ERDF. L'usine de la Vienne avait ainsi obtenu une commande 1,2 million de compteurs à livrer d'ici 2 ans pour un montant d'environ 80 millions d'euros.Cette nouvelle génération de compteurs doit permettre, entre autres innovations, de relever la consommation d'électricité à distance. Or, une partie de la production de compteurs sera finalement délocalisée en Hongrie, sans toutefois remettre en cause une partie de l'activité de production de compteurs "linky" destinés aux particuliers.
Contexte mondial difficile
La direction explique que sa décision est motivée par un "contexte économique et un environnement concurrentiel particulièrement difficiles", et par une érosion des revenus mondiaux de l'activité électricité."Nous avons conscience que l'annonce de ce projet est une source d'inquiétude pour les salariés d'Itron France", a déclaré Pascal Michaudel, Président d'Itron France. "Ce projet est cependant indispensable pour consolider l'ensemble de nos activités et améliorer notre compétitivité".
Le groupe fait aussi valoir que malgré l'impact social de ce projet, il maintient une présence forte en France. "Nous avons ainsi investi 12 millions d'euros ces dernières années et créé 50 emplois au sein de notre site de Chasseneuil-du-Poitou". Itron, présent dans une centaine de pays, a réalisé un chiffre d'affaires mondial de près de 2 milliards de dollars en 2013.