1945-2015 : les femmes votent depuis 70 ans mais toujours très peu d'élues

Il y a 70 ans, les Françaises ont voté pour la première fois de leur histoire lors des élections municipales du 29 avril 1945. Mais, 70 ans
plus tard, elles peinent encore à s'imposer dans la sphère politique en dépit des récentes lois sur la parité. Qu'en est-il en Poitou-Charentes ?

C'est un an plus tôt, le 21 avril 1944, que le droit de voter et d'être élues était enfin accordé aux femmes près d'un siècle après les hommes, par une ordonnance du Comité français de la Libération nationale signée par Charles de Gaulle depuis Alger.
Les Françaises ont obtenu le droit de vote et d'éligibilité "par un article dans une ordonnance ne portant pas sur leur citoyenneté. Leur entrée
dans la République s'est faite par une porte dérobée", soulignait récemment Réjane Sénac, chargée de recherche CNRS-Cevipof et présidente de la commission parité au Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh).
La Déclaration universelle des droits de l'Homme de 1789, censée proclamer l'égalité de chaque individu, avait instauré en réalité "un universalisme ne s'appliquant qu'à la moitié masculine de la population !" ajoute-t-elle.


De moins en mois d'élues

Le droit de vote des femmes est confirmé par l'ordonnance du 5 octobre 1944 prise par le Gouvernement provisoire de la République française. Il faudra attendre le premier scrutin après la Libération, les municipales, en cet historique mois d'avril 1945, pour que douze millions de femmes puissent l'exercer. Un événement et l'aboutissement d'un long combat !
Elles voteront de nouveau en octobre pour les élections à l'Assemblée constituante. Trente-trois d'entre elles seront élues sur un total de 586 députés. 

"On a assisté entre 1945 et les années 1990 à une baisse permanente du nombre de femmes élues à l'Assemblée nationale", relève Françoise Picq, spécialiste de l'histoire du féminisme.

En 1993, elles ne sont ainsi que 5,7% à siéger au Parlement, à peine plus qu'au sortir de la Seconde guerre mondiale.


Les nécessaires mais pas toujours suffisantes lois sur la parité

Pour contrer cette tendance, la France est la première à adopter une législation sur le principe de parité. La Constitution est révisée. En 2000, une première loi contraint les partis politiques à présenter un nombre égal de femmes et d'hommes lors des scrutins de liste. Depuis, de nombreuses législations, de plus en plus contraignantes, sont venues réformer les scrutins.


La parité s'arrête "là où le pouvoir commence"

Cependant, les têtes de liste sont encore majoritairement masculines et les femmes souvent cantonnées aux dossiers sociaux ou relatifs à la petite enfance et à l'éducation.

Pour la présidente du HCEfh Danielle Bousquet : "le partage des places s'arrête là où le pouvoir commence".

 Les récentes élections départementales, soumises aux règles de parité (binôme femme-homme), en sont l'illustration : seules huit femmes ont été élues présidentes sur une centaine de départements français: à peine 10% au total. Aucune en Poitou-Charentes.
Reste à voir comment les rôles seront distribués lors des régionales de décembre soumises à l'alternance hommes/femmes.


Les femmes élues nettement minoritaires en Poitou-Charentes comme ailleurs

Seule exception en Poitou-Charentes, le nombre des députées. L'Assemblée nationale compte 155 députées sur un nombre total de 577 élus, soit 27% seulement de l'hémicycle.  Mais le Poitou-Charentes peut faire figure d'exemple en matière de représentation féminine. On y compte en effet huit élues sur un total de 15 députés soit plus de 50%.
En revanche, à l'heure actuelle, il n'y a qu'une femme présidente de région (Franche-Comté) sur 22. On se souvient cependant que Ségolène Royal est restée 10 ans à la tête de la région Poitou-Charentes de 2004 à 2014 avant d'être nommée ministre.
Depuis 2014, le Sénat accueille 88 sénatrices sur un total de 346 sénateurs, soit 25,4% (+3 points par rapport à 2011). Le Poitou-Charentes a élu deux femmes sur 9 sénateurs, en Charente et Charente-Maritime.
En revanche, seulement 16% des maires sont des femmes au niveau national. Elles ne dirigent que six des 41 communes de plus de 100 000 habitants. Dans la région après les dernières municipales et la défaite de Geneviève Gaillard à Niort, aucune des quatre villes préfectures n'est dirigée par une femme. La socialiste Geneviève Gaillard est d'ailleurs la seule femme à avoir assumer cette responsabilité au niveau régional.
Dernier constat, aucun conseil général n'est (ou a été) présidé par une femme dans notre région. Et aucune présidente de la République n'a été élue en France.

Pour en savoir plus sur la représentation des femmes en politique au niveau local : observatoire des inégalités

 
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