L'épisode du confinement et la généralisation du télétravail provoquent une ruée des français sur les piscines et les climatiseurs. Deux moyens de passer un été -qu’on annonce particulièrement chaud- au frais, chez soi. Mais tout cela a des conséquences environnementales néfastes.
L’été sera chaud, nous dit-on depuis plusieurs semaines. "Probablement plus chaud que la normale sur une bonne partie de la France et plus sec sur la moitié sud" écrit même Météo France, dans une prévision pour Juillet-Août publiée le 28 mai dernier. C’est une des raisons qui explique l’engouement des français pour les piscines. Mais ce n'est pas la seule.
Une grande partie de la France devrait connaître un été + chaud et + sec que la normale, indique @meteofrance dans ses prévisions saisonnières. "Il faut garder à l'esprit que ça reste une carte de probabilités d'événements", a expliqué à l'#AFP le climatologue Christian Viel pic.twitter.com/pZabrGpJOH
— Agence France-Presse (@afpfr) May 28, 2020
Il y a aussi la crainte de ne pas pouvoir partir en vacances. Par peur d’une deuxième vague du coronavirus et l’obligation d’être à nouveau confiné, mais surtout parce que les voyages en avion ou en train sont plus contraignants, et aujourd’hui encore assez limités avec la fermeture de certaines frontières. Alors, beaucoup veulent anticiper cet été. "La plupart de nos clients qui viennent en ce moment veulent se baigner tout de suite. En tout cas dès juillet", nous explique Sarah Coindeau, pisciniste à Croutelle (86) qui avoue avoir en ce moment au moins dix contacts clientèle par jour.
Un flux tendu pour les fabrications
Sauf qu’en ce moment, avec la très forte demande de construction de piscines, ça met parfois un peu plus de temps que d’habitude, surtout pour les instructions administratives en mairie. Selon les communes, les services peuvent mettre deux mois pour donner -ou non- leur accord. Quant à la fourchette de prix, cela varie de 10.000€ pour un simple bassin nu à 30.000€ pour une piscine avec les principales options (chauffage, éclairage, terrasse, etc). Les petites piscines (4,20 mètres X 4,20 ou même 4 mètres X 2,60) constituent les meilleures ventes.
Les systèmes de climatisation sont eux aussi en plein boom. Au magasin Electro-Dépôt de Poitiers, cela représente deux fois plus de ventes que l'an dernier à la même époque. La raison principale est toute simple : la généralisation du télétravail.
"Toutes les entreprises ont la chance d’être climatisées", nous explique Guillaume Turlure, le directeur du magasin.
Avec le télétravail, les gens veulent avoir les mêmes conditions de travail chez eux. Très clairement, travailler chez soi change les comportements et les modes de consommation. On le voit aussi avec les imprimantes. Entre les devoirs des enfants et le télétravail, la demande est très forte, et les stocks sont presque partout épuisés.
- Guillaume Turlure, le directeur du magasin Electro-Dépôt de Poitiers
Cette réussite commerciale a cependant un prix environnemental. Les piscines sont de grosses consommatrices en eau et parfois aussi en électricité lorsqu’elles sont chauffées. Quant aux climatiseurs, ils rejettent de la chaleur à l’extérieur, ce qui, en ces temps de réchauffement climatique, reste pour beaucoup une aberration.
Ainsi, l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la maitrise de l’énergie) de Nouvelle Aquitaine rappelle dans un guide pratique quelques astuces pour garder un logement frais pendant l’été : fermer les volets lorsque les fenêtres sont exposées au soleil, s’équiper de rideau extérieur pour les portes vitrées, faire des travaux d’isolation, utiliser les végétaux, etc.
"Avant de se ruer vers des appareils électriques pas forcement efficaces et très énergivores, les gens devraient faire ces gestes simples et ainsi consommeraient moins", rappelle Lionel Poitevin, le directeur régional de l’ADEME Nouvelle-Aquitaine.
Dans tous les cas, n'achetez pas une climatisation dans l’urgence pour faire face à une situation exceptionnelle, car elle risque de se révéler coûteuse à l’usage et mal adaptée à vos besoins.
- Lionel Poitevin, directeur régional de l’ADEME Nouvelle-Aquitaine
Economie contre écologie. Confort contre protection de l'environnement... Les conflits qui existaient avant la crise du Coronavirus existent toujours. Les chiffres de vente des piscines et des systèmes de climatisation nous montrent même de quel côté penche la balance.