Les syndicats de cheminots CGT et CFDT ont qualifié vendredi d'"inacceptable" un scénario de la SNCF prévoyant la suppression de plus de la moitié des Trains d'équilibre du territoire (TET, Intercités). La ligne Bordeaux-Clermont-Ferrand-Lyon serait concernée.
Plusieurs élus communistes ont tiré la sonnette d'alarme en révélant que la SNCF préconisait de réduire de façon drastique le nombre de ces trains, dans un document remis en janvier à la commission parlementaire chargée par le gouvernement de plancher sur l'avenir des Intercités.
Selon leurs calculs, la SNCF propose la suppression de 160 trains sur environ 300 trains de jour, 180 en comptant les trains de nuit. Dans le document de travail de la SNCF, consulté par l'AFP, le groupe ferroviaire recommande notamment l'arrêt de six lignes (dont Caen-Le Mans-Tours et Bordeaux-Clermont-Ferrand-Lyon) et sur de nombreuses autres, des réductions ou des transferts de trafic au réseau TER.
"Ces préconisations qui mettent en péril des dessertes entières et la moitié de l'offre sont inacceptables", écrit dans un communiqué la CFDT-Cheminots, qui adresse "un carton rouge à la SNCF" et en appelle "à la responsabilité de l'Etat", qui a depuis 2010 autorité sur les TET.
Pour la CGT, elles "annoncent la mort des TET" et des "suppressions d'emplois" en série, "on ne peut l'accepter", explique à l'AFP Jean Riconneau, représentant du premier syndicat de cheminots au CCE.
Celui-ci accuse "le gouvernement et la SNCF de se renvoyer les responsabilités" de façon calculée et fait le lien avec la libéralisation des lignes d'autocars nationales prévue par la loi Macron.
C'est "une vraie aubaine pour la SNCF et sa filiale d'autocars iDBUS". "La SNCF trouve 50 millions d'euros pour recapitaliser iDBUS et programme en même temps la mort des TET", relève-t-il.
La commission présidée par le député (PS) Philippe Duron doit remettre fin mai ses conclusions au secrétaire d'Etat aux Transports Alain Vidalies.
Le gouvernement veut clarifier le rôle des Intercités, trains vieillissants qui cherchent leur place entre TGV et TER, avant de décider de renouveler le matériel roulant, entamé fin 2013, mais dont seule la première tranche a été confirmée.
En février, la Cour des comptes avait posé clairement la question du maintien des dessertes les plus déficitaires. Ce dossier est très sensible pour les industriels du secteur, qui s'alarment depuis
plusieurs mois de baisses de commandes qui menaceraient 15.000 emplois. Il l'est également pour les régions redoutant de devenir des déserts ferroviaires.
La SNCF estime qu'entre 2011 et 2014, les trains Intercités lui ont coûté 1,4 milliard d'euros de trésorerie. Leur taux d'occupation moyen est de 50%, selon la compagnie.