L'Assemblée nationale a rendu hommage aujourd'hui à Jacques Chaban-Delmas, qui fut son président pendant 16 ans, à l'occasion du centenaire de la naissance de cette figure "tutélaire" de la vie politique française, décédée il y a quinze ans.
Avant le coup d'envoi des questions au gouvernement, l'actuel occupant du "perchoir", le socialiste Claude Bartolone, a retracé à grands traits le parcours de "cet homme de passion et de conviction" qui "pour la République fut un modèle": "Chaban" le résistant, envoyé spécial du général de Gaulle, Compagnon de la Libération; député de la Gironde, de 1946 à 1997; ministre "plusieurs fois"; "premier président de l'Assemblée de la Vème République", fonction exercée de 1958 à 1969, de 1978 à 1981, de 1986 à 1988; "emblématique maire de Bordeaux de 1947 à 1995"; Premier ministre entre 1969 et 1972 avec le projet de Nouvelle Société.
"La modernité d'une société se mesure toujours à l'attention portée aux plus humbles, sans doute est-ce là le legs que nous transmet Chaban", a déclaré le président PS de l'Assemblée.
A l'Assemblée nationale, la "figure tutélaire" de Jacques Chaban-Delmas, fait président d'honneur en 1996, est présente dans le souvenir de "nombre d'entre nous", a encore affirmé ce député de Seine-Saint-Denis, évoquant sa "voix inimitable" ou "ces marches pour accéder au perchoir (...) grimpées au pas de course".
La fin de l'hommage au "grand Chaban" a été saluée par une longue standing ovation de tous les députés présents .
Une exposition retraçant la vie et l'oeuvre de Jacques Delmas (Chaban était son nom de résistant), né le 7 mars 1915 à Paris "d'une professeure de musique et d'un administrateur des automobiles Delahaye", a été inaugurée dans la matinée par Claude Bartolone en présence d'Alain Juppé, son successeur à la mairie de Bordeaux, des ex-présidents de l'Assemblée Louis Mermaz, Patrick Ollier et Bernard Accoyer, ou encore de sa veuve.
Dans son discours d'hommage prononcé à l'Hôtel de Lassay, M. Bartolone a notamment glissé que le projet de Nouvelle société, avec un discours resté "dans les annales" comportant entre autres la dénonciation d'une "société de castes", avait à l'époque alimenté "sans doute, paradoxalement, davantage la deuxième gauche que la droite gaulliste".
"La France et son Histoire en lui se résumaient: le sens de l'Etat de Colbert, le sourire de Voltaire, la tolérance de Montesquieu, la haine de la misère de Rousseau, l'ardeur de Clémenceau, la souplesse de Mitterrand et l'intransigeance de de Gaulle", a-t-il aussi jugé.