Opéra de Bordeaux : création audacieuse d'un opéra sur Nijinsky

"Le Journal de Nijinsky", opéra de chambre d'après les écrits intimes d'un Nijinsky au bord de la folie, par l'un des compositeurs contemporains les plus réputés, l'Allemand Detlev Glanert, sera créé dans une mise en scène de sa compatriote Carolyn Sittig mercredi 21 janvier à l'Opéra national de Bordeaux.


S'il est beaucoup joué dans le monde, Detlev Glanert, âgé de 54 ans, est quasiment un inconnu en France et l'initiative de l'Opéra de Bordeaux met à l'honneur un compositeur influencé essentiellement par l'Autrichien Gustav Mahler (1860-1911) et le Français Maurice Ravel (1875-1937), mais en premier lieu par son mentor, l'Allemand Hans Werner Henze, décédé en 2012.

Avec "Le Journal de Nijinsky", le grand danseur et chorégraphe des Ballets Russes, Detlev Glanert s'est attaqué à un sujet singulier puisqu'il s'agit de la vie intime de Vaslav Nijinsky (1890-1950) durant une brève période, du 19 janvier au 4 mars 1919, après sa dernière apparition sur scène à Montevideo et son admission dans un hôpital psychiatrique en Suisse d'où il ne sortira pratiquement plus jusqu'à sa mort à Londres.

Ces "Cahiers de Vaslav Nijinsky" ont été publiés pour la première fois en 1936, mais dans une version fortement expurgée par son épouse, la comtesse hongroise Romola de Pulszky (1913-1950), et il a fallu attendre 1999 pour une édition intégrale.

C'est vraisemblablement le seul témoignage direct laissé par un grand artiste sur sa schizophrénie chronique et le basculement dans la folie.

Six artistes pour "interpréter un seul ego"


Et Nijinsky écrit sur tout, comme l'indique Carolyn Sittig, originaire de Bayreuth (sud de l'Allemagne): "La vie quotidienne, le dialogue avec Dieu, son amour de l'humanité, la guerre - nous sommes au lendemain de la Première Guerre mondiale - l'être humain détruisant la Terre - un thème prémonitoire et très actuel - la danse. Il met en pièces la tabouisation publique du sexe, avec des passages triviaux, évoque sans pudeur sa relation homosexuelle avec Serge de Diaghilev", l'imprésario des Ballets Russes.

Pour illustrer ce témoignage bouleversant, Detlev Glanert a composé un opéra de chambre de 90 minutes, dirigé par le chef d'orchestre singapourien Darell Ang, 35 ans, dans un seul et unique décor, avec deux chanteurs, deux danseurs et deux comédiens, tous interprétant le rôle de Nijinsky. "Le choix des six artistes a été très difficile, car il a fallu trouver deux chanteurs sachant danser et jouer la comédie, deux danseurs capables de chanter et d'être comédiens et enfin deux comédiens pouvant chanter et danser", explique Carolyn Sittig. "Et tous les six devaient être capables d'interpréter un seul ego, celui de Nijinsky".

Dans la mise en scène, qui comprend de la vidéo, "la difficulté a été de restituer la grande musicalité de l'oeuvre, son rythme, sa respiration, avec des relâchements et des explosions, pour illustrer un texte fait d'amour-haine, de désespoir et d'une grande dramaturgie", souligne Carolyn Sittig, qui a elle-même écrit le livret de l'opéra.
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