Bordeaux commémore dimanche les 70 ans de la rafle du 10 janvier 1944 qui a vu l'arrestation de plus de 300 juifs, déportés ensuite vers les camps d'extermination, en pleine polémique Dieudonné,plusieurs fois condamné pour antisémitisme et qui doit se produire fin janvier dans la ville.
Cette rafle, pour laquelle Maurice Papon, alors secrétaire général de la préfecture de la Gironde, a, entre autres, été condamné, est la dernière des quatre grandes rafles menées dans la région entre juillet 1942 et janvier 1944. Dans la nuit du 10 au 11 janvier, elle a vu l'arrestation "brutale" par les Allemands et la police française de 335 juifs, principalement à Bordeaux et dans sa région où vivaient avant-guerre plus de 5.000 juifs.
Fait unique dans la France occupée, les raflés sont parqués dans la synagogue de Bordeaux "saccagée", avant d'être déportés deux jours plus tard à Drancy, dans la banlieue parisienne, puis vers les camps d'extermination nazis. Au total, environ 1.600 juifs ont été déportés depuis Bordeaux, dont un nombre infime a survécu. Annoncé au colloque sur la radicalisation des persécutions antisémites en France, prévu à Bordeaux les 22 et 23 janvier, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, dont les parents sont morts en déportation, avait échappé de justesse à cette rafle. Bordeaux
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Un climat alourdi par l'affaire Dieudonné
Outre le colloque, une cérémonie se tiendra dimanche matin à la synagogue en présence du maire Alain Juppé et de la ministre des Personnes âgées,
la Bordelaise Michèle Delaunay; une exposition aura également lieu dans la synagogue, où sera installée une "paroi des morts" présentant, "pour la première fois", les noms des 1.600 déportés, détaille Erick Aouizerate, président du Consistoire israélite de Gironde.
Des commémorations qui s'inscrivent dans un climat alourdi par les secousses de l'affaire Dieudonné: en début de semaine, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) de Gironde et le Consistoire ont déposé plainte pour des photos de "quenelles" -- geste popularisé par Dieudonné, selon lui un geste "anti-système" mais jugé par beaucoup comme un salut nazi inversé -- devant la synagogue et postées sur internet.
La Licra a annoncé une nouvelle plainte concernant un homme qui a effectué en début de semaine une autre "quenelle" devant le lieu de culte, une scène filmée et diffusée par France 3 Aquitaine. Le 6 janvier, Alain Juppé, appuyé par le préfet, avait annoncé son intention d'interdire le spectacle de Dieudonné prévu le 26 janvier à Bordeaux, où l'humoriste s'était déjà produit en avril dernier.