Thierry Tilly va  être rejugé par la cour d'appel de Bordeaux. En novembre 2012, Il avait été  condamné en première instance à huit ans de prison, reconnu responsable de la ruine d'une famille de notables lot-et-garonnaise. Un début de procès électrique...

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A 9h30 ce lundi, ce sont ouverts les débats devant la cour d'Assises de Gironde pour le procès en appel de Thierry Tilly qui comparaît seul dans le boxe. Son complice, Jacques Gonzalez avait accepté le jugement de quatre ans de prison ferme obtenu en première instance. Thierry Tilly, lui, avait refusé les 8 ans fermes alors que 10 ans avaient été requis à l'époque...
A l'ouverture de ce procès en appel, l'ambiance est électrique. Thierry Tilly interrompt le président alors qu'il égrène ses précédentes condamnations. Le président lui fait alors remarquer qu'il pourrait très bien ne pas assister à ce procès...
Jean-Pierre Stahl a suivi le début des débats.


L'avocat de Thierry Tilly, Me Alexandre Novion, a demandé la nullité de la procédure argumentant qu'il n'y avait aucun élément à décharge dans l'instruction et l'ordonnance de renvoie.

Il faut dire que le personnage de Thierry Tilly semble quelque peu insaisissable. Alors qu'il est jugé pour abus de faiblesse sur personnes en état de sujétion psychologique et mentale, séquestration et violences volontaires, il déclare faire partie, lui aussi, de cette famille de Védrines...

Regardez le compte rendu de ce début d'audience avec Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet.


Rappel de l'affaire

C'est une affaire d'abus de faiblesse par sujétion psychologique. Une affaire rare, par son ampleur et la personnalité des victimes.

Tilly avait fait connaissance, à la fin des années 1990 de la famille de Védrines, des notables aisés, instruits et honorablement connus dans le Sud-Ouest. Il avait réussi à isoler psychologiquement de leurs proches onze personnes de la famille, issues de trois générations. Il les avait convaincus  qu'elles étaient victimes d'un complot dont lui seul pouvait les sauver, qu'elles devaient vendre tous leurs biens à son profit, le tout en une dizaine d'années.

Pendant une semaine, l'une des femmes de la famille a été séquestrée et  violentée. Tilly lui fait avouer un secret imaginaire. Un épisode marquant presque un tournant.  Certaines victimes avaient repris contact avec la réalité. Les autres avaient été " libérées " de l'emprise quelques mois plus tard, avec l'arrestation de Tilly en octobre 2009.
Regardez le rappel de l'affaire "des reclus de Monflanquin" par Jean-Pierre Stahl.



Un premier jugement

Dans son jugement du 13 novembre, le tribunal de Bordeaux avait notamment remarqué que Tilly s'était appuyé sur " la situation, l'histoire et le fonctionnement " de cette famille, et avait su en " exploiter les failles (...) mésententes (...) rivalités (...) et mesquineries " par toute une série de " pressions et de techniques psychologiques ". Le jugement avait dénoncé " l'extrême gravité des faits ".

Thierry Tilly est donc seul à comparaître ces jours-ci. Son complice Jacques Gonzalez, 66 ans, s'est désisté de son appel le 9 avril, après avoir été condamné à 4 ans de prison. Les deux hommes avaient été aussi condamnés à indemniser les victimes de leur préjudice matériel (un peu plus de 4,6 millions d'euros au total) et de leur préjudice moral (505.000 euros).

Le double visage de Tilly

Le procès en appel devrait durer une semaine (deux en première instance). Tilly, un homme qui ne paye pas de mine, avait fait montre, devant le tribunal, d'une logorrhée intarissable et d'une imagination sans limites, flirtant souvent avec le comique involontaire. Mais dès le jugement rendu, le prévenu avait montré un tout autre visage, affirmant aux juges que l'affaire ne " faisait que commencer ", laissant entendre qu'il entendait épuiser les moyens de droit.

Une législation sur l'emprise mentale ?


Me Daniel Picotin, l'avocat de plusieurs parties civiles, espère que ce nouveau procès fera avancer la création d'une législation spécifique sur l'emprise mentale, combat qu'il mène depuis des années.

L'avocat de Tilly, Alexandre Novion, souhaite lui aussi que le procès serve à " aller plus loin dans la discussion des composantes juridiques de l'abus de faiblesse par sujétion psychologique " reproché à son client. Mais il met en doute la thèse selon laquelle " un homme seul a abusé de onze personnes pendant dix ans par les seules forces de son esprit ". Il juge pour sa part qu'il serait " épouvantable " qu'on créée un délit d'emprise mentale, en raison des abus qui pourraient en découler. 



 

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