En visite à Bordeaux Valls "s'ouvre au centre", Bayrou y voit une "manoeuvre d'appareil"

Manuel Valls a fait jeudi un nouveau pas vers l'ouverture au centre, mais ses propositions de "formation politique commune" des "progressistes" et de changement de nom du PS ont reçu un accueil glacial, reflétant les tensions croissantes au sein du camp socialiste.

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Alors qu'il était interrogé, sur RMC et BFMTV, sur l'éventualité de gouverner avec le centre, le Premier ministre a répondu: "cela ne me poserait pas de problème, à condition évidemment qu'ils soient d'accord avec ce que nous sommes en train de faire. Mais la question n'est pas aujourd'hui d'actualité".

"Les clivages politiques ont beaucoup changé. Pourquoi refuser la main de ceux qui se reconnaissent dans le centre, le centre-gauche ou, en tout cas, ceux qui ne se reconnaissent pas dans les partis politiques traditionnels? Je vous rappelle que dans plusieurs villes, nous gouvernons déjà avec le MoDem, avec les centristes", a déclaré M. Valls.


Il a déploré à nouveau que les socialistes n'aient pas tendu la main à François Bayrou en 2012. M. Bayrou avait appelé à voter François Hollande au deuxième tour de la présidentielle mais le PS avait refusé de retirer sa candidate aux législatives dans la circonscription de Pau (Pyrénées-Atlantiques), où se présentait le président du MoDem, entraînant la défaite de celui-ci.

Déjà mercredi, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait répliqué sèchement qu'il ne donnerait pas "l'onction socialiste" au président du MoDem, ajoutant, badin, qu'il y avait le Bayrou des villes" et le "Bayrou des champs", qui est "très à droite".
Ayant manifestement décidé de bousculer résolument les lignes à l'approche de la mi-mandat, Manuel Valls a appelé la gauche à changer alors qu'elle est au pouvoir : "parce que nous gouvernons, il faut changer", a-t-il insisté.

"Moi, je ne veux pas attendre que la gauche et le PS changent dans l'opposition. C'est quand nous exerçons le pouvoir que nous devons tirer des leçons de cet exercice du pouvoir", a-t-il insisté, en réaffirmant sa volonté affichée de pragmatisme, au risque de chahuter sérieusement plusieurs à gauche.

Bayrou évoque 'une manoeuvre d'appareil' 

Le Premier ministre a proposé également la mise en place d'une "formation commune des progressistes", déjà évoquée dans une interview mercredi à L'Obs, considérant que "nous ne pouvons pas continuer ainsi avec des fractures au sein de la gauche".

"Au bout de ce processus, les questions comme le changement de nom (du Parti Socialiste) peuvent parfaitement se poser", a-t-il ajouté, légèrement en retrait sur ce sujet par rapport à ce qu'il avait dit à L'Obs, où il s'est déclaré favorable, "pourquoi pas?", à ce changement de nom.
Mais cette proposition a suscité une véritable fin de non-recevoir des principaux ténors socialistes. Jean-Christophe Cambadélis a déclaré aussitôt qu'il préférait que l'on "garde" le "beau nom" de parti "socialiste".

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, n'a guère pris de gants : "cher Manuel, c'est une faute. Pour le moment, concentre-toi sur ton travail de Premier ministre". Le député PS Henri Emmanuelli a été encore plus tranchant, estimant que la ligne des sociaux-libéraux, Manuel Valls en tête, n'était "pas majoritaire à gauche" ni au PS et leur demandant de se taire et de "faire leur travail".

Quant à l'appel à une "maison" ou "formation politique commune" aux forces "progressistes", elle n'a suscité pour l'instant l'intérêt que des seuls radicaux de gauche. En revanche, François Bayrou a rejeté cette proposition, y voyant une simple "manoeuvre d'appareil".

Le camp socialiste traverse une zone de tempête et les crispations vont crescendo au PS face aux initiatives de Manuel Valls. Autant les critiques sont nombreuses et musclées, autant les expressions de soutien apparaissent pour le moins discrètes, illustrant son isolement chez les socialistes.

Soucieux de la gravité de la situation, M. Cambadélis a lancé jeudi midi "un appel solennel à l'unité", appelant les socialistes à "débattre sans se battre" et les responsables à "maîtriser leur expression".
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