Le syndicat CGT pénitentiaire dénonce dans un tract l'attitude de la direction de la prison de Saint-Martin-de-Ré qui refuse aux agents le droit de porter un masque ou des gants de protection. Par ailleurs, la suppression des parloirs liée à cette crise du coronavirus commence à créer des tensions.
La consigne vient du directeur de l'administration pénitentiaire, Stéphane Bredin, le plus haut gradé en la matière après la Garde des Sceaux, Nicole Belloubet. En conformité avec les directives du gouvernement, les agents ne peuvent porter ni masques ni gants de protection pendant leur service auprès des personnes détenues. Une mesure qui scandalise les organisations syndicales.
La CGT pénitentiaire de Saint-Martin-de-Ré s'interroge.
Même réaction du côté de Force Ouvrière. Pour Didier Solay, il n'y a bien que l'administration qui est contre, les détenus eux y sont favorables.Pourquoi au sein de l'administration pénitentiaire, il nous est refusé pour notre sécurité et celle d'autrui le port de tels équipements de protection individuelle?
- Le délégué CGT de Saint-Martin-de-Ré.
Ce qui peut paraître surpenant dans cette interdiction, c'est que parfois, les surveillants ont l'obligation de porter des gants.Plusieurs détenus nous ont dit qu'ils étaient favorables au port d'équipements de protection. Ils savent bien qu'en venant de l'extérieur, on peut faire entrer le virus dans la prison.
- Didier Saulay, F.O pénitentiaire.
Tout au long de l'année on nous fournit des gants en latex pour procéder aux fouilles des détenus, c'est obligatoire.
- Le délégué CGT pénitentiaire.
Les syndicats FO et CGT dénoncent également les menaces de sanctions qui pèsent contre un surveillant qui a refusé de retirer son masque de protection.
L'adminstration pénitentiaire de son côté explique se conformer aux recommandations sanitaires. Les masques doivent être utilisés dans des cas précis. C'est ce qu'explique le direction inter-régionale de l'administration pénitentiaire.
Les masques sont réservés à un usage face à des détenus contaminés au Covid-19. Ce sont les gestes barrières qui prévalent. Mais bien sûr si les médecins signalent une suspicion de Covid-19 ou un cas avéré, le détenu sera transféré dans un quartier à part et le personnel chargé de sa surveillance sera équipé de masque.
- Alain Pompigne, directeur inter-régionale des services pénitentiaires de Bordeaux.
La suppression des parloirs commence à agiter certaines prisons
Selon les responsables syndicaux, la direction de l'administration pénitentiaire affirme redouter une psychose grandissante dans les prisons qui pourrait avoir des conséquences difficiles à contenir. La suspension des parloirs pour cause de confinement a déjà entaîné des mouvements de colère de détenus dans certaines prisons. Pas encore à Saint-Martin-de-Ré, mais les parloirs ont lieu le weekend dans cet établissement qui accueille des longues peines. Et pour l'instant le manque de visites familiales liées au confinement ne s'est pas fait sentir.
Ailleurs, la situation devient tendue, c'est le cas à Maubeuge, Douai, Perpignan, Saint-Étienne, Valence ou bien encore Toulon, des incidents ont eu lieu à la fin de la promenade et les forces spéciales ont parfois dû intervenir.
Cri Fréquence Pierre Levée donne la parole aux familles
Dans ce contexte de suppressions des parloirs, l'émission Cri Fréquence Pierre Levée de Radio Accord à Poitiers a décidé de mulltiplier ses émissions. Le principe est de donner la parole aux familles de détenus pour donner des nouvelles à leur proche emprisonné.
Les émissions sont donc programmées cejeudi soir de 19h à 20h puis ce vendredi de 19h à 20h. Pour les jours suivants ce sera lundi de 19h12 à 20h puis jeudi de 19h à 20h.
Pour parler en direct à un proche incarcéré, il faut appeler le 05.49.60.63.63 au moment de l'émission.
En mai 2015, nous avions assisté à une émission de Cri Fréquence Pierre Levée. À l'époque c'est Georges Pesnot, ancien aumônier protestant des prisons et décédé depuis qui tenait le micro chaque soir.
Des mesures pour aider les détenus privés de parloirs
La Garde des Sceaux a annoncé une certain nombre de mesures devant compenser la suspension des parloirs.
C'est ainsi que durant la crise sanitaire, et jusqu’à la fin de la période de confinement, chaque détenu pourra bénéficier d’un crédit de 40€ par mois sur son compte téléphonique, lui permettant de rester en contact avec sa famille et ses proches.
La télévision sera également gratuite pendant la période de confinement. Enfin, les détenus les plus démunis pourront bénéficier d’une aide majorée de 40 euros par mois leur permettant notamment de cantiner, dans un contexte où les familles pourraient rencontrer des difficultés à effectuer des virements.