La Cour de révision examine le cas de Raphaël Maillant, condamné à 17 ans de prison pour le meurtre de son ex-petite amie qu'il a toujours nié avoir commis. Car depuis le procès, son principal accusateur, Yann Bello, a été condamné par la cour d'assises de Charente-Maritime pour meurtre et viol.

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Condamné à 17 ans de prison pour le meurtre de son ex-petite amie, Raphaël Maillant a toujours clamé son innocence. Une audience cruciale l'attend ce jeudi devant la Cour de révision, dont il espère obtenir l'annulation de sa condamnation.

Agé de 44 ans, ce formateur d'éducateurs sportifs a passé dix ans en prison, jusqu'en 2004. Le 14 mars 1997, la cour d'assises des Vosges l'a déclaré coupable du meurtre de Valérie Bechtel, 20 ans, retrouvée morte dans un fossé dans la forêt domaniale de Thaon-les-Vosges le 12 août 1991.

Son avocate Sylvie Noachovitch souligne qu'il n'y avait contre lui "aucun élément matériel". Il avait été condamné essentiellement sur la base des accusations de Yann Bello, avec qui il était ami à l'époque. Selon ce dernier, M. Maillant avait tué son ex-petite amie après un cambriolage chez les parents de la jeune fille pour y voler un magnétoscope, puis les deux amis avaient transporté le corps dans la forêt. Yann Bello a écopé de deux ans de prison pour des délits connexes.

Mais depuis, Yann Bello a été condamné en 2014 par la cour d'assises de Charente-Maritime à 25 ans de réclusion criminelle pour le meurtre et le viol de sa femme, perpétrés en 2011. A l'appui de sa requête en révision, la défense de Raphaël Maillant met en avant un mode opératoire identique dans les deux crimes où les deux victimes, violemment frappées avant la mort, ont été retrouvées nues et étranglées, la première avec un torchon, la deuxième avec une serviette.

La procédure a mis en évidence la personnalité trouble de Yann Bello, dont un expert psychiatre a souligné qu'il pouvait "facilement" recourir "à la falsification et à la déformation de la réalité".

Témoin surprise 

Me Noachovitch estime aussi qu'un ancien codétenu de Raphaël Maillant, qui avait rapporté de supposés aveux de ce dernier et dont le témoignage durant l'enquête "avait énormément pesé", ne pouvait être considéré comme crédible. Ce témoin avait porté des accusations dans une autre affaire d'homicide, qui s'est soldée par un non-lieu en 1994, ce qu'ignorait la justice lorsqu'elle a condamné Raphaël Maillant.

Puis avant l'été 2014, un témoin surprise s'était manifesté auprès de l'avocate, qui a obtenu en mars qu'il soit entendu par trois magistrats de la Cour de révision. Cet homme a affirmé que Yann Bello, avec qui il était incarcéré en 2011, lui aurait confié avoir commis le meurtre de Valérie Bechtel, selon l'avocate.

L'avocat général préconise le rejet de la requête en révision de Raphaël Maillant, selon une source proche du dossier. Une position du ministère public constante, mais qui n'avait pas empêché la Commission de révision, qui juge "difficile, voire impossible" la présence de Maillant sur les lieux, d'avoir un avis contraire et de saisir la Cour.

A l'issue de l'audience jeudi matin, celle-ci devrait mettre sa décision en délibéré. "Il y a tellement d'éléments nouveaux" que Me Noachovitch ne peut "pas imaginer" que le dossier ne "puisse pas être révisé".
La requête de Raphaël Maillant est selon elle le "premier dossier important" examiné par la Cour depuis l'adoption d'une réforme visant à rendre moins restrictifs les critères pour réviser une condamnation.

Depuis 1945, seuls onze accusés ont été acquittés après un nouveau procès. Le dernier, Christian Iacono, a ainsi été acquitté en mars après avoir été accusé de viols par son petit-fils qui s'était ensuite rétracté.
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