La Rochelle : une plateforme numérique pour favoriser le "manger local"

Deux entrepreneurs de Charente-Maritime ont créé "le bon sens", une plateforme numérique mettant en relation les gestionnaires de restaurants collectifs et les petits producteurs voisins. En un mois, leur idée a séduit une quarantaine d'acheteurs potentiels. 

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Lancée le 8 avril à La Rochelle, Le-bonsens.fr fait office de laboratoire; cette plateforme numérique qui vise à favoriser le "manger local" va prochainement élargir ses activités à l'ancienne région Poitou-Charentes. Et si l'intérêt des cantines se confirme, la plateforme, qui dit avoir déjà une quarantaine d'acheteurs potentiels, espère couvrir l'ensemble du pays à la prochaine rentrée scolaire.

Un débouché supplémentaire pour les pêcheurs

"Le-bonsens.fr est pensé pour toute la restauration en dehors de la maison", explique l'un des deux fondateurs, Fabien Ferdinandy. "Potentiellement les restaurants peuvent également s'y inscrire." D'autant que "Le bon sens" ne se contente pas d'assurer le lien entre collectivités et producteurs, il prend aussi en compte l'acheminement et la transformation des produits, des écueils logistiques qui freinaient des systèmes similaires lancés dans le passé.

Côté fournisseurs, ce service crée "un débouché supplémentaire aux agriculteurs et aux pêcheurs, qui souffrent", souligne M. Ferdinandy. Car, outre les traditionnels légumes et fruits, ou le lait, "Le bon sens" propose aussi du poisson frais, un atout de poids, particulièrement en Charente-Maritime. "Il n'existe aucun marché sur le poisson frais", souligne Laurent Granier, l'autre co-fondateur de la plateforme. "Et le port de La Rochelle a besoin de solutions pour vendre sa pêche et sauver ses bateaux", ajoute-t-il.

Bientôt les restau U ? 

Cette filière pêche intéresse particulièrement le Centre régional des oeuvres universitaires et scolaires (Crous), qui sert environ 20 millions de repas par an dans les quatre départements de l'ex-Poitou-Charentes."Le Crous de Poitiers, dont La Rochelle dépend, n'a passé aucun marché formalisé de poisson frais", explique Karine Peltier, directrice du pôle restauration et hébergement universitaires pour Niort et La Rochelle. "Nous sommes sensibles au développement des circuits courts en termes d'achat de denrées alimentaires qui ne relèvent pas d'un marché national. Je vois dans Le bon sens une possibilité de nous approvisionner en poisson frais. Nous faisons un test", poursuit-elle.

Outre le Crous, "nous avons déjà 42 acheteurs potentiels, dont des maisons de retraite, des mairies et des agglomérations", assure Laurent Granier. La Chambre d'agriculture est également très favorable à cette plateforme qui permet aux gestionnaires des restaurants de collectivités "de nous faire connaître leurs besoins tant quantitativement que qualitativement", relève son directeur général, Didier Gauchet. "Cela nous permettra d'accompagner les agriculteurs pour mettre en production ce qui est vraiment attendu" dans les cantines.

"Le surcoût n'est pas un écueil"

Certes, acheter local, voire bio, fait grimper le prix du repas. En moyenne, le coût des matières premières passe de 1,5 à 2 euros, reconnaît Fabien Ferdinandy. Mais pour Sylvie Legros, responsable du pôle économique et développement local de la Communauté d'agglomération Royan Atlantique, "le surcoût n'est pas un écueil. À terme, cela ne coûte pas plus cher car les produits de qualité se conservent mieux, se préparent mieux et entraînent moins de perte", souligne la responsable. Selon elle, le projet du Bon sens "a l'air bien travaillé".

Surcoût ou non, le "manger local" devrait de toute façon bientôt devenir une obligation légale dans la restauration collective publique. L'Assemblée nationale a adopté en janvier à l'unanimité une proposition de loi écologiste prévoyant, d'ici à 2020, 40% de produits issus de l'alimentation durable, de produits locaux et de saison. Ce texte avait été porté par la députée de Dordogne Brigitte Allain, agricultrice de profession, qui avait publié en juillet 2015 un rapport destiné à "favoriser l'ancrage territorial de l'alimentation". Cette proposition de loi partait du constat qu'"une denrée alimentaire parcourt en moyenne 3.000 km avant d'atterrir dans nos assiettes".
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