Les serres municipales de La Rochelle abritent, depuis deux ans, un des quatre Pollinariums Sentinelles© de Nouvelle-Aquitaine. Un outil précieux pour les médecins allergologues mais aussi pour toutes les personnes sensibles aux pollens.

Plantain, fétuque, pariétale... sans les nommer, nous connaissons tous ces plantes communes qui envahissent nos bords de route et nos trottoirs. Pour simplifier, nous aurions tendance à les ranger rapidement dans la catégorie des "mauvaises herbes". En ce moment, toutes ces herbacées et graminées s'en donnent à coeur joie. Les personnes allergiques aux pollens beaucoup moins. En tout cas, si l'on en croit les dernières cartes de vigilance du Réseau National de Surveillance Aérobiologique.

Ce réseau national créé en 1996 s'appuyait jusqu'alors essentiellement sur les études de laboratoires comme ATMO Nouvelle-Aquitaine. A l'aide de stations de captage, l'indice pollinique de chaque département est calculé pour ensuite alimenter les bulletins du RNSA. Des relevés atmosphériques précieux mais qui, forcément, sont en décalage entre l'instant du prélèvement et le résultat des analyses.

A la demande de certains médecins allergologues est donc né, en 2003 à Nantes, le premier pollinarium expérimental. Le concept est simple : dédier un espace de culture pour observer les végétaux allergisants en temps réel et ainsi pouvoir anticiper ce que les professionnels appellent les pics polliniques. Huit ans plus tard, l’Association des Pollinariums Sentinelles de France (APSF) voyait le jour.

A La Rochelle, c'est un agent du centre horticole municipal, lui même allergique, qui a eu vent de l'expérimentation. Depuis deux ans, ils sont trois jardiniers qui surveillent au quotidien ce nouvel outil de santé publique. Le protocole, encadré par des médecins et des botanistes, est très stricte.

"On a découpé le territoire de La Rochelle en quatre axes et, tous les cinq kilomètres, il y a un point de prélèvement", explique Julien Lemarcis, responsable du centre horticole municipal, "du centre-ville jusqu’à 25 kilomètres aux alentours, on a prélevé toutes les plantes indiquées par l’allergologue référente. Donc on a une vraie représentativité des espèces dans ce périmètre. L’important, c’est que chacun des 25 plants d’une même plante garde ses données génétiques. Il faut être au plus juste de ce qui se passe dans le milieu naturel. Quand, par exemple, les moissons sont faites et les bords de route fauchés, on va aussi faucher le pollinarium".

Tous les jours, entre 11 h et 13h45, les jardiniers des serres observent les plantes, sept graminées, quatre herbacées et cinq espèces d'arbre. Chaque plant est géolocalisé suivant son lieu de prélèvement. Les données sont ensuite entrées dans un logiciel et vérifiées par un technicien et un allergologue référent de l'APSF. Une newsletter est ensuite envoyée à toutes les personnes abonnées au service.

"On observe, on mesure et si la mesure est significative, on informe par e-mail les personnes allergiques aux pollens", détaille Delphine Charier, adjointe en charge de la santé publique et de la prévention, "cela leur permet d’anticiper la crise asthmatique, quand il s’agit d’un problème respiratoire, en prenant tout de suite le traitement indiqué sans attendre les symptômes". Cela permet aussi d'arrêter son traitement dès que la plante incriminée cesse de disséminer ses pollens.

Il faut dire que la question devient de plus en plus inquiétante selon les spécialistes et s'apparente à un véritable enjeu de santé publique. "Les maladies respiratoires sont au quatrième rang mondial des maladies chroniques, sachant que la moitié d'entre elles sont liés au pollen", indique l'élue rochelaise, "d’où l’intérêt de la base de données qui est constituée par les mesures actuelles qui permet à la fois d’étudier l’évolution des quantités et des typologies de pollen sécrétés mais aussi les corrélations avec le réchauffement climatique".

Encore peu connu du grand public, le pollinarium de La Rochelle alerte pour l'heure seulement 350 abonnés sur la commune. Bientôt, ces données seront accessibles à tous via l'application de smartphone "La Rochelle au bout des doigts".

 

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