Alors que plusieurs enfants de Saint-Rogatien et Périgny (Charente-Maritime) ont été frappés de cancers ces dernières années, une étude atmosphérique vient de débuter pour déterminer d'éventuelles causes environnementales.
Depuis le début du mois de juin, un véhicule de mesures permanentes de la qualité de l'air est en place près du gymnase de Saint-Rogatien (Charente-Maritime) ; ailleurs dans la commune, des capteurs passifs ont été installés. L'étude réclamée depuis deux ans par l'association "Avenir Santé Environnement" a débuté ; elle va durer sept mois. Menée par ATMO Nouvelle-Aquitaine, elle a été lancée par la communauté d'agglomération de La Rochelle pour mesurer l'impact des activités industrielles avoisinantes sur la santé des enfants.
Des pistes mais pas de preuves
Entre 2008 et 2016, cinq jeunes de la communes ont développé des cancers ; parmi eux, une jeune fille de 15 ans est décédée en décembre dernier après deux années de traitement contre un lymphome et une leucémie . À Périgny, située à quelques kilomètres, trois cas ont également été recensés. L'an passé, une étude épidémiologique de l'INSERM réalisée à partir du registre général des cancers au CHU de Poitiers et financée par la ligue contre le cancer 17 concluait qu' "un excès de risques ne pouvait être écarté, sous réserve de la faiblesse des effectifs" chez les 0-24 ans. Les familles veulent toutes comprendre pourquoi leurs enfants sont tombés malades. L'étude, tout juste lancée, pourrait les y aider. Une trentaine de molécules seront recherchées pour savoir si oui ou non la société rochelaise d'enrobés et la plateforme de compostage -situés à 250 mètres des habitations les plus proches - sont en partie responsables de ces cas de cancers pédiatriques. Aucune preuve formelle n'a pour l'heure été apportée ; la précedente étude menée sur un mois n'avait pas été jugée suffisante.Un "effet cocktail"?
L'association Avenir Santé Environnement pointe également l'activité agricole. "Saint-Rogatien est cerné par les champs" explique Fabienne Pierre qui s'appuie sur une autre étude "très inquiétante" menée l'an passé à Montroy, dans la plaine d'Aunis. Également menée par ATMO Nouvelle Aquitaine, elle a révélé la présence dans le secteur de 12 fongicides, 17 herbicides et 4 insecticides. Le rapport a conclu à "un nombre de molécules détectées important et un cumul hebdomadaire moyen de concentration plus important" qu'ailleurs, notamment en prosulfocarbe utilisé à l'automne sur les cultures céréalières.Nous voulons savoir si il y a un rapport de cause à effet dans tout cela ; nous avons peur d'un "effet cocktail". - Fabienne Pierre, association Avenir Santé Environnement
Reportage de Marie-Eve Constants, Joël Bouchon et Jennifer Russeil :