La Rochelle : cinq mois après leur arrivée en France, des ressortissants ukrainiens sont partagés entre rester et repartir

Des réfugiés arrivés d'Ukraine en France il y a cinq mois restent taraudés par la question de savoir s'ils doivent rester ou repartir dans leur pays. Témoignages en Charente-Maritime.

Anna Vid a traversé l'Europe en bus il y a 5 mois, pour venir s'établir en France, près de La Rochelle, grâce aux liens noués avec l'association de danses folkloriques Charente-Maritime-Ukraine. Elle fait partie des premières familles ukrainiennes arrivées dans la région. Elle vient de décider de rentrer chez elle, à Lviv, en Ukraine.

Vous allez bientôt repartir en Ukraine, en août ?

Oui, nous allons repartir par ce bus (qui part) pour retrouver notre famille qui nous manque. On n'imaginait pas rester ici (en France) aussi longtemps. Mais je ne sais pas si nous ne serons pas à nouveau contraints à repartir - nous verrons avec nos familles -, car il n'y a réellement aucun endroit de sûr en Ukraine. Nous repartons parce que nous n'avons pas vu nos familles depuis longtemps. C'est difficile pour nous de passer tant de temps sans nos familles, sans nos maris. C'est dur pour mon fils Marco qui est encore si petit. Il ne peut pas par exemple parler avec son père au téléphone, ce n'est pas possible pour un si petit enfant.

Votre mari est toujours en Ukraine ?

Oui, c'est la règle. Un homme d'un pays en guerre ne peut pas fuir le pays, c'est normal. Et si un homme ne peut pas combattre avec une arme, il doit aider différemment : acheminer l'aide internationale par exemple. C'est le cas de mon mari. Au début, il a aidé à livrer l'aide en provenance de Pologne, de Lettonie et de Lituanie.

Vous partez dans deux semaines, à la mi-août, comment vous sentez-vous ?

C'est un sentiment étrange. Bien sûr, je suis heureuse de revoir ma famille et mon mari. Mais bien sûr, j'ai peur car je ne sais pas à quoi m'attendre là-bas. Ma fille est très jeune aussi et, par exemple, elle ne comprend pas tout ce qui se passe. Elle me voit regarder les informations, lire des articles sur mon téléphone. Je voulais qu'elle soit en sécurité. Emotionnellement, ce sera bien et sain de revenir. Ma fille me dit parfois qu'elle est bien ici mais qu'elle veut retrouver ses jouets. Ses amis lui manquent et elle me demande combien de temps encore il va falloir attendre ce bus. Mais je lui dis aussi que peut-être il nous faudra repartir et c'est dur à comprendre pour elle. On n'imaginait pas que ça tournerait comme ça.

Comment décrieriez-vous votre vie aujourd'hui en France ?

La vie, ici... Nous avons eu la chance de rencontrer une famille si formidable qui a tout fait pour rendre notre vie ici épanouissante. Je leur suis reconnaissante. Mes enfants ont tout ce dont ils ont besoin. Ils vont à l'école. Marco est encore jeune. Il peut jouer ici, en sécurité, avoir la vie d'un petit enfant.

Les liens que vous avez avec cette famille, ce sont devenus des lieux familiaux ?

Oui. Plusieurs fois, nous avons fait de petits voyages avec eux et à chaque fois, c'était magnifique. Un vrai plaisir.

La région où vous viviez et où vous retournez, est-elle sûre ?

Non, bien sûr mais je ne sais pas. La guerre n'est pas terminée (larmes). Des choses affreuses nous attendent, j'ai lu des choses terribles qui se passent. On peut avoir l'impression que ça va mieux mais non, la Russie a des missiles qu'elle peut tirer à longue distance. Elle est armée et utilise aussi d'autres territoires pour nous cibler.

Le reportage à La Rochelle de Marine Lesprit et Mathilde Baron

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