En pleine nuit, un homme appelle les pompiers. Sa conjointe est en train d’accoucher sur le bord de la route. Sur les conseils d’un opérateur téléphonique, il réussit à faire sortir le bébé puis à le réanimer. Une belle histoire que les sapeurs-pompiers de Charente-Maritime publient sur Facebook.
L’enregistrement est émouvant. Les 2 minutes d’échange entre un opérateur téléphonique des pompiers et un couple dont la femme est en train d’accoucher ont été mis en ligne par le SDIS 17. Grâce à l’impressionnant sang-froid du pompier comme des parents, les quelques secondes de tension ont vite laisser place au soulagement et à la joie au son des pleurs du nouveau-né, en bonne santé.
Il est 3 heures du matin, le 6 août 2021. Alors qu’il conduisait sa conjointe à la maternité à La Rochelle, le papa s’arrête à Nuaillé d’Aunis sur le bord de la nationale 11, car la maman est en train d’accoucher. Il compose alors le numéro d’urgence des pompiers et tombe sur un opérateur téléphonique des sapeurs-pompiers de Charente-Maritime. Ce dernier envoie aussitôt une équipe de secours sur place.
"C’est super ! Je l’entends, il pleure !"
Mais le nouveau-né ne pouvait pas attendre. "J’ai la tête dans les mains, là… Il est sorti, il est sorti", s’écrie, quelques secondes plus tard, le papa. À l’autre bout du fil, le pompier indique aussitôt les gestes à effectuer : retourner le bébé et lui frotter le dos. Avant de demander : "Est-ce qu’il pleure ?" La réponse est négative. "Pas encore", indique le père.
Si chacun conserve alors un calme impressionnant, la tension monte tout de suite d’un cran. L’homme exécute les gestes recommandés par le pompier, mais le nouveau-né ne respire toujours pas. "Il y a des choses qui bloquent sa voie [respiratoire]", s’inquiète le père. Bien préparé à la situation, le pompier réagit immédiatement. "D’accord. Glissez votre petit doigt un peu dans sa bouche, préconise-t-il. Vous essayez d’aspirer ce qu’il peut y avoir dans ses narines."
Pendant quelques secondes, le papa effectue les gestes sans que personne ne parle. L’opérateur téléphonique croit entendre le bébé pleurer. Mais la femme lui répond aussitôt : "Non, non, là il aspire." L’attente se fait longue pour tout le monde. Le pompier répète les gestes à effectuer. La pression se fait ressentir dans les voix. Jusqu’à ce qu’on distingue des pleurs de nourrisson. Un beau moment de délivrance. "C’est ça ! C’est super ! Je l’entends, il pleure", se réjouit le pompier soulagé. Il termine d’indiquer la marche à suivre avant de féliciter le couple. La famille est par la suite prise en charge par une équipe de secours.
Ces pleurs-là m'ont fait du bien !
Cette situation, Michael Rousseau, sapeur-pompier volontaire, l'a vécu aux premières loges. Cette nuit du 6 août 2021, c'est lui qui guidait à distance les parents. "Ce qui a beaucoup facilité les choses, c'est que le papa était calme et la maman aussi. Ils ont été sereins, ils ont appliqué les consignes tout de suite, c’est ce qu’il fait que ça s’est plutôt bien passé", se rappelle-t-il. Sans pour autant le manifester, il avoue avoir eu un fort moment de stress. Ce qui semble humain. "Vous, vous êtes à distance, vous avez été formé et vous savez ce que vous auriez fait si vous étiez sur place, mais vous n’êtes pas sur place, explique-t-il. Donc vous avez beau donner des consignes, vous vous demandez si vous avez été clair. Si la personne vous a compris. Si elle est en train de faire ça correctement. Parce qu’on ne sait pas comment la personne, à l’autre bout du fil, reçoit les consignes avec son état de stress."
Fort heureusement, ses consignes sont bien passées. Quand Michael s'est assuré que tout le monde allait bien, ce fut le soulagement. "Je crois que j’ai battu mon record d’apnée ! J’ai fait une bonne partie de l’intervention en apnée et je crois que j’ai recommencé à respirer quand j’ai entendu le bébé pleurer", rigole-t-il. Avant de conclure le sourire aux lèvres : "Ces pleurs-là m’ont fait du bien !"
Un accouchement particulier et un moment d’émotion pour les parents comme pour les pompiers, qui ont tenu à le partager. Invitée quelques mois plus tard par les pompiers, la petite famille a rencontré le pompier qui l'a secourue à distance. L’occasion de prendre quelques photos souvenir et d’adresser leurs remerciements. "Merci à l'opérateur pour son engagement, sa bienveillance, sa patience et sa réactivité. Notre "péripétie" nous a fait prendre conscience à quel point les opérateurs sont tout aussi importants que les secours qui arrivent sur place. Les opérateurs eux aussi sauvent des vies ! Nous sommes très reconnaissants. Mille mercis, grâce à vous notre fils est en excellente santé", ont réagi les parents comme l’indique la publication Facebook du SDIS 17. Symboliquement, ils ont même choisi Michael comme 4e prénom pour leur enfant.
Appel à témoins
Vous avez, vous-même, vécu un accouchement dans des conditions particulières ? Venez nous raconter cette belle histoire. Contactez France 3 Poitou-Charentes à redaction.poitiers@francetv.fr