La pointe de Gatseau sur l'île d'Oléron, la plage où l'érosion est la plus forte en Europe

En France, plus de 1.700 kilomètres de côtes sont impactés par l'érosion marine. Le phénomène est particulièrement marqué sur la pointe sud de l'île d'Oléron. L'érosion n'est pas liée au réchauffement climatique mais elle pourrait être aggravée par l'élévation du niveau de la mer.
 

La pointe sud de l'île d'Oléron subit les assauts de la mer au point de faire disparaître petit à petit son littoral.


L'océan grignote de 10 à 11 mètres de dune en moyenne chaque année. La plage de Gatsau située sur la commune de Saint-Trojan-Les-Bains est désormais réputée pour enregistrer la plus forte érosion d’Europe. L'embouchure de la Seudre amplifie ce phénomène au point que des records impressionnants ont été enregistrés lors de l'hiver 2014, avec une érosion de 50 mètres.
Marc Millet et Cédric Cottaz ont rencontré l'un des experts du trait de côte.

Eric Chaumillon est chercheur et professeur en géologie marine à La Rochelle Université-CNRS, responsable de l’Observatoire du Littoral et de l’Environnement.

Pourquoi l'érosion de la côte de l'île d'Oléron est-elle inéluctable ?

  • Quand on est sur des côtes très exposées avec des vagues fortes comme c'est le cas au sud d'Oléron, en Aquitaine et dans les Landes, il n'est pas raisonnable d'imaginer que l'on va stopper durablement l'érosion. On peut la limiter, on peut ponctuellement la stopper mais ça va coûter cher, globalement on ne peut pas arrêter l'érosion.

Une érosion de plus en plus forte

Pourquoi l'érosion est-elle aussi forte au sud de l'île d'Oléron ?
  • On est à côté d'une embouchure et ça a été mis en évidence par des études scientifiques sur l'ensemble des côtes, les côtes d'embouchure sont les plus dynamiques, là on est vraiment dans une phase d'érosion extrêmement rapide. Il y a eu un changement dans le dernier quart du 20° siècle (dans les années 70-80), avec une érosion de plus en plus forte.
  • Ce n'est pas l'augmentation du niveau des mers ni la taille des vagues qui produit cette érosion, ce sont les interactions entre la côte et l'embouchure. A Saint-Trojan-Les-Bains, on a une érosion de 10-11 mètres par an en moyenne, quand on va vers le sud, l'érosion est de plus en plus forte parce que la côte est de plus en plus oblique, le record absolu, on l'a eu en 2013-2014 avec une érosion de 50 mètres* pendant cet hiver là, ce qui est absolument énorme. Cet hiver là, l'extrêmité sud d'Oléron a été coupée, il y a eu un phénomène de franchissement des dunes par les vagues, l'eau a coupé l'île d'Oléron en deux. *Calcul réalisé par Xavier Bertin directeur de recherche au CNRS.
Peut-on maîtriser ce phénomène ? 
  • Sur certains sites où il y a un très fort enjeu avec du patrimoine par exemple, là on va dépenser beaucoup d'argent pour défendre la côte, on peut le faire mais ça coûte très cher. Il y a des dégâts collatéraux sur le paysage car la plage disparaît, on a un mur à la place. Il y a aussi des solutions d'ingénierie fondées sur la nature, cela concerne uniquement certaines plages abritées. Les Néerlandais sont les pionniers de ces solutions, ils injectent des quantités massives de sable à proximité des plages pour essayer de les reconstituer. Dans les cas où les enjeux ne sont pas énormes, là le mieux, c'est de laisser faire la nature et d'accompagner les mouvements et surtout d'éviter de construire trop près de la côte. Je crois que dans beaucoup de cas à l'heure actuelle, on construit trop près des côtes et après on s'étonne si il y a des problèmes d'érosion.

L'érosion sera impactée par l'élévation du niveau des mers

Cette érosion est-elle liée au changement climatique ?
  • Pour l'instant, on ne peut pas parler de changement climatique et de l'élévation du niveau de la mer. Ces paramètres là n'interviennent pas de façon décisive sur la dynamique des sédiments au niveau local. Cela pourrait intervenir à l'horizon 2100 si nos sociétés modernes ne prennent pas acte du changement climatique, si on n'a pas de décisions fortes pour limiter des émissions de gaz à effets de serre. On est sur une trajectoire de l'élévation du niveau des mers de plus d'un mètre en 2100 donc là ça va impacter l'érosion. Cette érosion qui est déjà très forte, en 2100, là oui l'érosion sera exacerbée.

Des recherches menées par l'Université de La Rochelle et le CNRS

Le suivi du trait de côte au Sud de l’île d’Oléron est réalisé dans le cadre de la Chaire d’Excellence régionale EVEX (EVènements EXtrêmes et érosion du trait de côte) dirigée par Xavier Bertin et à partir de mesures réalisées par le Département de la Charente-Maritime en convention avec la Communauté de Commune de l’île d’Oléron et l’Université de La Rochelle et exploitées scientifiquement par Eric Chaumillon. 

Pour voir ou revoir le reportage de Marc Millet, Cédric Cottaz. 





 
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