Portrait. Sylvette, 61 ans de travail à la criée de la Rochelle

Parmi les nombreux professionnels qui travaillent à la criée chef de baie de la Rochelle, impossible de ne pas connaître Sylvette. Depuis ses 14 ans, elle arpente les couloirs de cet antre dédiée au poisson. Le fonctionnement du site n’a aucun secret pour elle.

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Son pas est décidé et affirmé dans les allées de la criée. Le froid, l’eau, la glace, Sylvette ne les ressent plus, c’est son univers.

Ici elle est le « pilier de la criée » dit l’un de ses jeunes confrères qui travaille depuis quatre ans seulement à La Rochelle. « On a besoin de quelque chose ou de savoir quelque chose, on demande à Sylvette », dit il avec une vraie admiration dans la voix. « Quand je vois comment elle brasse les piles de polystyrène ! On ne peut pas l’arrêter ! ».

La non-retraitée gère la distribution des caisses de polystyrène, ces bacs essentiels pour la conservation du poisson et dont le nombre varie en fonction de la pêche.

Le poisson n’est pas du tout une affaire de famille chez Sylvette. « Mon père était dans les pompes funèbres. A 14 ans, comme je n’arrivais pas à suivre à l’école, il m’a dit « va travailler ! ». Je me suis retrouvée aux caisses de la criée. Je me levais à quatre heures du matin, mais j’en garde de très bons souvenirs. Y’avait du poisson partout, à profusion à l’époque. J’ai pas cherché ailleurs, j’étais bien ».

Sylvette travaillait du lundi au samedi midi, toute la journée. Aujourd’hui le temps est réduit, de 6 heures à 11 heures. « J’ai toutes mes après-midi, mais je prends jamais de vacances ». Au-delà de son attachement à cette « grande famille » comme elle dit, Sylvette travaille toujours à 75 ans pour compléter sa maigre retraite. « Ça me fait un complément de salaire et cela me permet de vivre ».

Sylvette n’est pas la doyenne des lieux. Sa copine Josée, elle, a 78 ans. Elle est mareyeuse, elle achète le poisson à la criée et le revend aux poissonniers. Toutes deux ont une même expression malicieuse : « L’air marin, ça conserve ». A les voir, on n’en doute pas.

 

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