Cent étudiants de Charente-Maritime demandent des comptes à leurs députés après le rejet à une voix près, le 9 février dernier, de la proposition de repas à 1 euro pour tous les étudiants. Ils rappellent que d’après un rapport de l’association COP1-Solidarités étudiantes, en 2022, 56% des étudiants déclarent ne pas manger à leur faim.
Il n'aura fallu qu'une semaine aux étudiants pour réagir au rejet par l'Assemblée nationale, à une voix près, du repas à 1 euro pour tous les étudiants.
Dans une tribune transmise ce vendredi aux médias (lire, ici), 100 étudiants du département de Charente-Maritime demandent des comptes à leurs députés.
"Dans quel monde vivez-vous ?"
"Quand allez-vous enfin écouter le cri d’alerte que vous lancent les jeunes de ce pays qui ne peuvent plus joindre les deux bouts depuis la pandémie ?", lancent-ils en interpellant directement leurs élus.
Ils décrivent une université française dans laquelle "56% des étudiants déclarent ne pas manger à leur faim", selon un sondage de l'association COP1-Solidarités étudiantes, en 2022 (à lire, ici). Dans leur tribune, ils rappellent que le repas à 1 € au Crous est un dispositif déjà existant, à destination des étudiants boursiers et précaires, qu'ils représentent près de 38% des étudiants. Que "56% des étudiants déclarent avoir faim au total" serait, selon eux, la preuve "que la précarité étudiante dépasse les seuls étudiants boursiers ?"
Ils rappellent également la hausse du coût de la rentrée universitaire 2022 : +7,38% par rapport à 2021, soit à 2 527 €, selon la Fage. "Dans quel pays vivez-vous pour croire que nos familles sont suffisamment aisées pour assumer de telles dépenses sans grandes difficultés ?", interrogent-ils.
Les cinq députés de la Charente-Maritime sont issus de la majorité présidentielle ou du centre-droit, allié à cette majorité : Olivier Falorni (député Modem de la première circonscription de Charente-Maritime), Anne-Laure Babault (députée Modem de la deuxième circonscription de Charente-Maritime), Jean-Philippe Ardouin (député Renaissance de la troisième circonscription de Charente-Maritime), Raphaël Gérard (député Renaissance de la quatrième circonscription de Charente-Maritime) et Christophe Plassard (député Horizons de la cinquième circonscription de Charente-Maritime).
Les auteurs de la tribune interrogent le vote négatif des trois députés Renaissance et Horizons et, leur absence, lors du vote, des deux députés Modem.
Une proposition du Parti socialiste
Le 9 février dernier, le sort de cette proposition de loi, examinée en première lecture, s'est joué à une voix (183 "pour", 184 "contre"), après que le camp présidentiel, hostile à cette mesure, a battu in extremis le rappel des troupes pour le vote final. Sept députés LR ont également voté contre (quatre se sont abstenus).
"Je suis déçue, à une voix près, le repas universel à un euro était inscrit dans la loi, mais c'est surtout les étudiants qui vont être déçus aujourd'hui", a déclaré, ce jour-là, la députée socialiste Fatiha Keloua-Hachi, qui portait ce texte dans le cadre d'une journée réservée à son groupe.
Le texte, soutenu par toute la gauche, avait aussi reçu l'appui des députés du Rassemblement national.
Des premiers votes victorieux sur des amendements laissaient entrevoir une possible victoire socialiste, avant que le camp présidentiel ne mobilise des députés pour le vote final.
Les députés macronistes ont combattu une mesure jugée "injuste", insistant sur le fait qu'elle aurait bénéficié aussi à des étudiants de milieux aisés.
La députée Anne Brugnera (Renaissance) a épinglé une mesure "démagogique". "Grâce à vous, les enfants de votre ami Bernard Arnault pourront aller au Crous et ne payer qu'un euro", a renchéri son collègue Sylvain Maillard.
Le repas à 1 euro avait été provisoirement élargi à tous les étudiants en 2021, pendant la pandémie de Covid-19.
La tribune élaborée par 100 étudiants de Charente-Maritime peut être signée en ligne, sur ce lien.
(Avec AFP)