Les paroissiens de Tonnay-Charente ont appris avec soulagement la libération du père Evens Joseph à la sortie de l'office religieux de ce vendredi, spécialement dédié à l'ancien curé de la paroisse.
La nouvelle de la libération ce vendredi de l'ancien curé de Tonnay-Charente, le père Evens Joseph, est parvenue à la communauté catholique de la ville en fin de matinée, à la sortie de la messe.
"Je suis très émue, très heureuse de cette libération", témoigne Bernadette Revol, une paroissienne. "J'ai appris la nouvelle par un texto d'un autre prêtre mais nous n'avons aucun détail."
L'émotion dans la voix, Bernadette Revol décrit un homme qui "a marqué notre communauté".
"C'est un jeune homme, il a 34 ans et c'est un homme bon, ouvert, attentif, qui ne juge pas. Un homme absolument formidable", insiste-elle. "J'ai l'espoir que nous pourrons le revoir bientôt."
L'actuel prêtre de la paroisse, Ika Go témoigne aussi de la joie de sa communauté et se souvient de cette fin de messe singulière.
"Des paroissiens m'ont appelé pour me dire la bonne nouvelle", explique-t-il. "On venait juste de terminer cette messe pour lui."
Nous nous interrogeons sur son état de santé et sommes impatients de rentrer en contact avec lui.
"Chaque semaine, on faisait deux messes pour lui, le mercredi et le vendredi", poursuit-il. "Tout le monde est vraiment soulagé, c'est une grande joie. Mais nous nous interrogeons sur son état de santé et sommes impatients de rentrer en contact avec lui."
Le père Evens Joseph, prêtre de l'église Saint-Etienne de Tonnay-Charente (17) de 2017 à 2020, fait partie d'un groupe de dix personnes, dont plusieurs religieux, enlevées dimanche 11 avril en Haïti. Tous ont été libérés, a annoncé ce vendredi la Société des prêtres de Saint-Jacques à laquelle ils appartiennent.
Une demande de rançon d'un million de dollars
"Nous avons retrouvé nos confrères, les religieuses et les membres de la famille du père Jean Anel Joseph en bonne santé", a affirmé la société missionnaire dans un communiqué, sans préciser si une rançon avait été versée.
"Nos remerciements vont également aux ambassadeurs de France et des États-Unis, pour leur apport diplomatique discret et efficace, ainsi qu'à toutes les autorités politiques et morales du pays ainsi qu'aux gouvernements pour leur indéfectible soutien", a ajouté l'institut.
Trois des sept religieux enlevés avaient déjà été libérés il y a une semaine dans le pays gangréné par l'insécurité et les enlèvements criminels.
Les dix personnes enlevées avaient été kidnappées à la Croix-des-Bouquets, près de la capitale Port-au-Prince, alors qu'elles se rendaient à l'installation d'un nouveau curé.
Les ravisseurs réclamaient un million de dollars de rançon.
Le groupe comprenait notamment quatre prêtres et une religieuse haïtiens ainsi que deux Français originaires de l'ouest de la France: une religieuse du département de la Mayenne et un prêtre de l'Ille-et-Vilaine qui vit en Haïti depuis plus de trente ans.
Trois personnes, membres de la famille d'un prêtre haïtien, le père Jean Anel Joseph, qui ne faisait pas partie des personnes kidnappées, avaient également été enlevées. Les Haïtiens sont majoritairement de confession catholique et leur pays est le plus pauvre du continent américain.
Les cinq prêtres font partie de la Société des prêtres de Saint-Jacques, établie à Guiclan (Finistère, ouest de la France).
Cette société missionnaire compte une quinzaine de prêtres en Haïti, sur un total de 80 prêtres et une vingtaine de séminaristes présents aussi en France, au Brésil et au Canada.
L'enlèvement des religieux, qui a choqué l'opinion au-delà des frontières de l'île, a provoqué une profonde crise politique dans le pays, en proie à une recrudescence des enlèvements contre rançon ces derniers mois à Port-au-Prince comme en province, témoignant de l'emprise grandissante des gangs armés sur le territoire haïtien.