Une entreprise de Perigny qui propose des outils et services en ligne pour personnaliser ses meubles, a vu son chiffre d'affaire multiplié par dix en quelques mois. Mais le réseau internet d'un autre âge dont est dotée sa nouvelle usine, l'empêche d'honorer les commandes qui ne cessent d'affluer.
C’est l’histoire d’une success-story ... contrariée.
Il y a quatre ans, Emmanuel Dequippe rachète une des plus vieilles menuiseries de La Rochelle. L’entreprise travaille avec les collectivités locales, hopitaux et banques essentiellement. Rapidement il lance en parallèle une unité de fabrication de meubles sur-mesure, Tikimob.fr, à destination des particuliers cette fois. Le concept plait, les idées et les projets se bousculent. Il développe notament pendant deux ans, un configurateur 3D en ligne. " On a une quinzaine de meubles différents. Ca va du lit à la commode, en passant par l’escalier, la table… Vous concevez et personnalisez votre meuble en y ajoutant des tiroirs, des portes, des poignées … le tout en ligne, en 3D et sur-mesure ".
Survient alors la Covid et en suivant, le premier confinement. La formule du configurateur 3D est idéalement calibrée pour la crise sanitaire et la cohorte de mesures de distanciation qui l’accompagne : les commandes explosent, au point que le chiffre d’affaire se trouve multiplié par dix !
Avec la crise, les gens ne peuvent plus partir en vacances. Mais comme il faut bien qu’ils dépensent leur argent, ils refont leur jardin et réfléchissent à réaménager leur intérieur. Et puisqu’ils ne peuvent plus aller choisir en magasin, ils commandent leurs meubles sur internet. Le premier confinement a boosté notre projet, agissant comme un véritable tremplin. En moins d’un an, on est passé de deux à quatorze collaborateurs. Et ça continue. Actuellement j’embauche une nouvelle personne tous les quinze jours.
Pour répondre à la demande, Emmanuel Dequippe, sitôt déconfiné, entreprend la construction d’une usine de fabrication, sur 2500m² en plein cœur de la zone industrielle de Périgny, la plus grosse de l’agglomération de La Rochelle.
Problème : le terrain, situé sur l’extension d’une rue déjà existante de la ZI, n’est pas relié à internet. Ou si peu.
C’est invraisemblable ! Toute la rue est reliée à la fibre optique, mais avec les deux autres entreprises installées sur le prolongement qui a été rajouté, nous n’avons droit qu’à un bout de fil de cuivre qui ne permet de brancher qu’une box ADSL. Et le pompon, c’est qu’en plus, étant situé en bout de ligne, on a le minimum du minimum : 2 Mo/s, au lieu des 90 que devraient normalement délivrer une box ADSL. Ça correspond aux vieux modems 56k des débuts d’internet, ceux qui faisaient bip bip.
Autant dire que le configurateur 3D et les autres services en ligne proposés, tous dimensionnés sur la bande passante traditionnellement déployée de nos jours, se satisfont mal d’une connexion du siècle dernier. " On propose un service d’architecture d’intérieur en ligne, qui nécessite qu’on puisse travailler en direct avec nos clients. Et je peux pas le faire, parce que j’ai pas le débit internet suffisant ". Jusqu’aux téléphones qui ne marchent pas, les entreprises étant désormais équipées de téléphones IP, qui nécessitent d’être reliés à internet. " Je ne sais même pas si les téléphones analogiques se vendent encore ".
Informations prises, les 50m de fibre optique qui font défaut sont à la charge de SFR, le propriétaire de la concession signée avec la communauté d’agglomération de La Rochelle. Contactée, l’entreprise a effectivement prévu de réaliser les travaux de raccordement à la fibre … d’ici un an. Peut-être deux.
Le coût de l’opération s’élevant à une grosse centaine d’euros, installation comprise, Emmanuel a un temps été tenté de faire réaliser lui-même le raccordement par un professionnel. Il a depuis abandonné l’idée, s’exposant alors à une forte amende de la part de SFR, seule habilitée à étendre le réseau de fibre optique dont elle a la charge.
" L’alternative qui s’offre à moi, c’est de demander à un opérateur de me tirer de la fibre " dédiée ", directement à partir du central. J’en ai pour 7 à 8 000 € de frais d’installation, auxquels il convient d’ajouter un abonnement spécifique de 3 à 600 € par mois … Ça fait peur ! "
En attendant que la situation se débloque, les trois entreprises concernées doivent donc s’accommoder de leur connexion cacochyme. Et pour palier au problème du téléphone, Emmanuel Dequippe a dû avoir recours à une box 4G. En fait, ce sont pas moins de trois box qu’il a fallu mettre en œuvre, la couverture 4G, pour faire bonne mesure, s’avérant " désastreuse dans la zone où nous sommes ".