Depuis la répartition en décembre des postes dans l'enseignement public en vue de la rentrée de septembre 2023, parents d'élèves et enseignants manifestent pour dénoncer les fermetures de classes annoncées. C'est le cas à Saujon (17) où les parents d'élèves de l'école Gambetta sont mobilisés.
"Non, à la fermeture !"
Devant l'école maternelle Léon Gambetta, à Saujon (Charente-Maritime), la mobilisation des parents d'élèves opposés à la fermeture d'une classe dans l'école à la rentrée de septembre 2023 ne faiblit pas.
"On se bat, on n'a que ça à faire, pour nos enfants : pétition, manifestation, réseaux sociaux. On a essayé de tout faire depuis qu'on est au courant", explique Lucille André, déléguée des parents d'élèves.
Devant l'établissement, elle transmet un flyer à un autre parent d'élèves pour l'informer du mouvement : "On essaie de se mobiliser", lui dit-elle.
Soixante-cinq élèves fréquentent la maternelle Gambetta cette année. Les parents craignent qu'avec la fermeture d'une classe, leurs enfants se retrouvent plus nombreux, au moins une trentaine par classe et que cela affecte leurs apprentissages.
"C'est déjà compliqué pour eux avec le climat actuel, avec ce qui s'est passé avec le Covid et, des classes surchargées, ce serait leur en ajouter encore", témoigne Aurore Garret, une mère d'élève.
La situation est d'autant plus incompréhensible pour ces parents que leur commune n'apparait pas en perte de vitesse. Au contraire : elle gagne de nouveaux habitants chaque année. Avec les nouveaux logements sociaux en construction dans la commune, la mairie espère que de nouveaux enfants arriveront dans les écoles.
Le rectorat ne souhaite pas s’exprimer pour l’heure. Il précise que trois critères essentiels sont pris en compte avant chaque nouvelle rentrée pour évaluer le maintien ou non d'une classe : l’évolution des effectifs sur l’ensemble d’un territoire, les moyens globaux attribués aux écoles de ce territoire et, enfin, la réalisation d'une répartition équitable de ces moyens.
Les parents d’élèves de la maternelle Gambetta iront manifester à La Rochelle le 9 mars prochain devant l’inspection académique, à l’occasion du comité départemental chargé de trancher sur ce dossier.
Très mobilisé, le syndicat enseignant Snuipp-FSU 17 publie sur son site Internet un état des lieux des possibles fermetures dans le département.
Le même suivi existe pour les autres départements de la région, par exemple ici, pour le département de la Vienne.
Inquiétude dans tout le pays
Depuis la présentation en décembre dernier de la répartition, par académie, des postes dans l'enseignement public pour septembre 2023, parents d'élèves et enseignants sont mobilisés un peu partout.
Les prévisions du ministère de l'Éducation nationale font état d'une possible suppression de plus de 1 000 emplois en France.
À l'école primaire, une forte baisse démographique est à nouveau attendue à la prochaine rentrée, avec une diminution d'effectifs de quelque 63 700 élèves (il y avait déjà eu 50 000 élèves en moins à la rentrée 2022), après le pic des naissances du début des années 2000.
Dans ce contexte, l'enseignement public va connaître pour la rentrée 2023 une baisse de 667 postes (calculés en "moyens d'enseignement", en tenant compte du fait que des enseignants stagiaires sont à mi-temps et d'autres, à plein temps).
Le second degré (collèges et lycées) enregistre lui aussi un recul démographique, mais très léger (-840 élèves), qui s'accompagnera toutefois d'une diminution de près de 500 postes (en moyens d'enseignement).
"Pas encore définitif"
"Pourquoi ne pas profiter de cette baisse démographique pour faire des classes avec peu d'élèves, afin de faciliter les apprentissages ?", s'interroge Sylvaine Baehrel, présidente de l'association de parents d'élèves FCPE Paris, qui regrette qu'avec les fermetures envisagées, "le nombre d'élèves par classe va forcément augmenter".
Selon une étude récente de l'agence statistique du ministère, la Depp, les élèves scolarisés en élémentaire en France sont en moyenne 22 par classe, contre 19,3 en moyenne dans l'Union européenne. Au collège, c'est 26 élèves en moyenne, contre moins de 21 dans l'UE.
Devant les députés à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Éducation, Pap Ndiaye, a tenté de rassurer face aux nombreuses questions posées sur la carte scolaire. "Le schéma présenté n'est pas encore définitif", a-t-il déclaré lors des questions au gouvernement.