Voile Olympique : Kévin Peponnet en route pour les JO de Tokyo

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Après une année sans régate, le rochelais Kévin Peponnet et Jérémie Mion disputent les championnats du monde de 470 à Vilamoura au Portugal. Les Français veulent envoyer un message à la concurrence avant Tokyo. En 1988, c'est Thierry Peponnet, l'oncle de Kevin, qui ramenait l'or des Jeux de Séoul. 

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C'était il y a un an tout juste dans la marina de Palma aux Canaries. Le gratin international de 470 se retrouvait pour un championnat du monde qui préfigurait LE rendez-vous de l'année aux Jeux de Tokyo. Mais, trois jours avant le début de la compétition, un virus alors inconnu condamnait les dériveurs à rester en cale sèche. Tous ces sportifs de haut niveau ne savaient pas qu'ils ne batailleraient sur l'eau que douze mois plus tard. C'est peu dire donc que Kévin Peponnet et Jérémie Mion ont hâte d'en découdre à partir du lundi 8 mars sur le plan d'eau portugais de Vilamoura.

"Apprendre à gagner"

Alors certes la pandémie sévit encore et ce n'est pas toujours facile de naviguer à vue dans cet océan d'incertitudes sanitaires. Mais le binôme français ne cache pas son plaisir à l'idée de retrouver les copains de "quat' sept" et de quitter le pôle Voile de Marseille pour ce premier vrai rendez-vous avant les JO.

Depuis l’annulation de notre championnat du monde l’an dernier en mars 2020, on n’a quasiment pas régaté. Ça va être un petit test grandeur nature avant les jeux olympiques. On va pouvoir se jauger par rapport à la concurrence, même si on sait qu’il y aura beaucoup d’absents. Les Australiens qui sont favoris dans notre discipline ne seront pas là, les japonais et les chinois non plus. Il y a un équipage américain et un brésilien, mais ça risque en fait de ressembler à un championnat d’Europe. C’est mieux que rien et ça fait plaisir de retrouver tous ces équipages.

Kévin Peponnet, barreur

"Après quatre ans, on n’a presque plus besoin de la parole pour se comprendre. Il suffit d’un regard ou d’un geste", nous explique Kévin. Le duo s'est formé en 2017 et, un an après, il décrochait déjà un titre de champions du monde. Alors bien sûr, la concurrence est rude mais les deux marins partent désormais avec un esprit plus combatif. C'est l'année ou jamais.

Nos adversaires nous attendent au tournant. En 2019, on se rate de deux ou trois points et on finit cinquième. On est souvent dans le top 5 et c’est sûr qu’on prétend au podium et à la plus haute marche. Notre objectif sur le championnat du monde, c’est d’apprendre à gagner. Toutes les épreuves auxquelles on n’a participé jusqu’alors, c’était des régates sur lesquelles on avait des objectifs de travail mais pas forcément 100% de résultats. On n’a jamais gagné une régate qu’on avait cochée juste avant (sauf sur des régates de deuxième ligue) donc là au contraire on veut marquer le coup au Portugal.

Kévin Péponnet, barreur

Une affaire de famille

Car évidemment, l'objectif principal en 2021, c'est bien à Eno-shima dans la baie de Sagami que cela va se passer. Annulés l'an passé, les Jeux Olympiques de Tokyo devraient se dérouler du 23 juillet au 8 août. Entre temps, il devait y avoir la Semaine Olympique Française à Hyères, mais elle vient d'être à nouveau annulée. Pas bon présage.  Reste que les J.O, c'est l'obsession de Kévin et de Jérémie. Ils sont déjà allés s'entraîner sur le plan d'eau nippon à deux reprises. Si Mion le Havrais a déjà vécu Rio en 2016, ça sera une grande première pour Kévin le Rochelais. 

L'histoire serait belle parce que chez les Peponnet, le 470 et les Jeux Olympiques, c'est une affaire de famille. Il y a bien sûr Daniel, le père, médaille d'argent aux championnats d'Europe d'Helsinki en 1980. Mais il y a surtout Thierry, l'oncle, qui remportait le bronze aux JO de Los Angeles en 1984 avec Luc Pillot et l'or à Séoul en 1988. "Les repas de famille, ça tourne souvent autour du quat' sept", rigole Kévin qui a grandi avec cette légende des jeux. 

"Ce qui est étonnant c’est qu’il suit le même parcours que moi en termes de résultats sportifs, 32 ans après" s'amuse Thierry, "nous, on avait été champions du monde en 1986, deux ans avant les Jeux et, 32 ans après, c’est mon neveu qui est également champion du monde deux ans avant les jeux et tout ça au même âge. C’est génial de pouvoir revivre à travers Kévin tous ces moments extraordinaires que j’ai pu vivre à l’époque".

Thierry Peponnet est devenu par la suite une référence en termes de tactique en régate, notamment sur l'America's Cup. Alors forcément, il suit de près les résultats de son neveu. "Il y a l’encadrement fédéral qui est suffisamment compétent pour venir répondre à ses besoins mais, de temps en temps, ça me démange de lui donner un peu mes impressions ! Je l’ai poussé à prendre un peu plus de risques sur le départ et se battre sur la ligne pour prendre la première place et j’ai l’impression qu’il en a tenu compte. Mais quand je vois comment ils naviguent, ça n’a rien à voir avec la manière dont on naviguait nous à l’époque. Ils brutalisent le bateau, c’est incroyable !". Reste que l'expérience de tonton peut être source d'inspiration avant le rendez-vous olympique de cet été.

Les jeux, c’est tellement quelque chose de particulier. En France, on a toujours un très bon niveau pré-olympique en préparation avec des prétendants et des gens qui peuvent créer la surprise, mais ça reste une compétition à part qui se passe beaucoup dans la tête d’un point de vue psychologique. Ça ne sert à rien d’être prêt trois jours avant ou une semaine après. Il faut être clair dans sa tête, le couteau entre les dents et comprendre que cette régate c’est peut-être la régate de ma vie et que je suis là pour la gagner.

Thierry Péponnet, médaille d'or aux JO de Séoul en 1988

Une histoire de famille et une histoire charentaise maritime. Car c'est bien à Royan que Thierry a fait ses armes en dériveur et c'est à La Rochelle que Kévin a commencé sa carrière en sport étude au lycée Dautet et au pôle France des Minimes. Et il y a un autre point commun entre l'oncle et le neveu, le mal de mer. Si cela a pu freiner les ambitions de Thierry dans une éventuelle carrière dans la course au large, Kévin, lui, ne s'interdit rien malgré ces menus embarras gastriques. "Je n’ai peut-être pas foncé dans la bonne discipline ! Je fais de la rééducation vestibulaire de l’oreille interne depuis un an et je suis carrément plus désensibilisé et, du coup, je commence à réfléchir course au large ou off-shore, mais ça sera plus en équipage qu’en solitaire", nous confie le barreur. Avant cela, il faudra aller tirer quelques bords au Japon et revenir à bon port avec une médaille d'or autour du cou.
 

Reportage de France 3 Normandie 

 

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