Capitaine Amara, pilote de la Patrouille de France : "Un vrai rêve d'enfant"

À la veille d’une démonstration au meeting des Sables-d’Olonne, le Vendée Air Show, le week-end dernier, les Alpha Jet tricolores de la Patrouille acrobatique de France étaient en escale à La Rochelle. Rencontre avec le capitaine Amara, une des nouvelles recrues de cette unité très spéciale de l'Armée de l'air.

"Je me rappelle très bien de mes premières rencontres avec les pilotes et les mécaniciens de la Patrouille de France à l’occasion de différents meetings, et de voir dans leurs regards un encouragement, quelques mots qui me faisaient comprendre que c’était possible." A 36 ans, après 2.500 heures de vol, Y. Amara a réalisé son rêve.

Il fait parti des trois nouvelles recrues de la Patrouille Acrobatique de France cette année. Sur le tarmac de l'aéroport de La Rochelle, il se prête volontiers à l'exercice de l'interview. Décontracté alors qu'il est sur le point d'exécuter une de ses premières prestations en public pour le Vendée Air Show.

Une Longue route

Pourtant, il en a fallu de la patience et de la détermination avant de monter dans le cockpit de son alpha jet. Athos 3, intérieur gauche, c'est son nouveau matricule de prestige depuis un an. 

"C’est pratiquement quinze ans d’engagement avant de pouvoir un jour pousser la porte de la Patrouille", explique le capitaine. "Je me suis dit que la route allait être très longue, mais je vais regarder pas à pas, entrer dans l’armée de l’air, rejoindre ma première affectation, obtenir mon brevet de pilote de chasse et mes qualifications et, finalement, au bout de dix ans, je me suis rappelé de mon petit rêve d’enfance et je me suis dit que c’était le moment de le réaliser".

" Aérofrein sorti… top… réajuste bien.. deux fois 90… Athos, la fumée… top". Autour de la table d'une salle de l'aéroport, les pilotes répètent leurs gammes, confortablement assis sur leurs chaises. Leur langage des signes n'appartient qu'à eux et, dans leur tête, préfigure de ce qu'ils vont vivre au-dessus de la tête des spectateurs, entre 300 et 5.000 pieds d'altitude.

"Une confiance absolue"

"On travaille "à la musique". C’est notre secret de fabrication", nous confie Y. Amara, "Il faut vraiment qu’on agisse sur la voix du leader, sur le ton qu’il emploie pour déclencher le virage avant même d’avoir perçu le moindre indice de ce virage. Le but, c’est de donner aux spectateurs l’illusion que, vue du sol, ce n’est qu’une seule aile volante de 70 mètres d’envergure qui vole comme un seul appareil. Et de l’intérieur, c’est un combat de tous les instants pour que ça vous paraisse fluide"

Avec des poussés comprises entre 4G et 6G et des figures où les avions se croisent à plus de 600 km/h, évidemment, ces pilotes n'ont pas le droit à l'erreur. Sur leur base de Salon-de-Provence, dans les Bouches du Rhône, ils s'entraînent tout l'hiver pour ça.

"Le niveau d’engagement est tel, que même la coupure du week-end en repos a un effet réel sur nos habitudes et nos gestes et il faut toujours reprendre ses marques de manière à laisser la place à la mémoire gestuelle plutôt qu’à l’analyse", continue le militaire. "Il y a une confiance absolue entre nous. Par exemple, sur certaines formations, pour éviter que chaque pilote amplifie les oscillations propres à tout appareil en vol, on prend toujours une référence visuelle sur le leader. Moi, en tant qu’intérieur gauche numéro 3, j’ai « Le Charognard », le numéro 4 qui est juste à côté de moi, à trois mètres de distance, mais je ne le regarde pas. Ça, pour un pilote de chasse, c’est quelque chose de contre nature".

Sur le port des Sables d'Olonne, bien sûr, les quelques 100.000 spectateurs ne s'imaginent pas une seconde le degré de professionnalisme et de tension que requiert cette féérie aérienne. 

"Susciter une passion"

"En vol, on est à 100% de concentration, alors pour être tout à fait honnête, on n’a pas beaucoup le temps d’en profiter et de savourer", avoue le pilote. "Après chaque vol, la pression redescend, mais cette pression, c’est quelque chose qui est tout à fait naturelle dans ce métier, donc, en général, on décide plutôt de s’en faire un allié et un collègue de travail".  

Et le rêve d'enfant dans tout ça ? "Le plaisir, il est après le vol et surtout quand on va à la rencontre du public. C’est là qu’on se rend compte de l’impact que l’on peut avoir. Et moi, ce qui me tient particulièrement à cœur, c’est d’être capable de susciter une passion, non pas pour ce métier au sens large, mais de montrer que l’on peut réaliser quelque chose comme ça. Quand je vois les sourires, que j’entends ces mots et cette motivation que je crois passer, c’est ma source de satisfaction personnelle".  

Cette petite escale rochelaise n'aura duré que le temps d'un week-end. En Vendée, la Patrouille de France a encore une fois fait le show. Youness Amara et ses neuf coéquipiers portent haut le flambeau tricolore de l'excellence française du pilotage plus de quarante fois par an.

Reportage de Valérie Prétot et Chloé Duval

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