Comme tous les ans, la Ligue pour la Protection des Oiseaux fait appel à ses bénévoles pour recenser les cigognes installées dans le département et celles qui sont de passage sur leur route de migration. Cette année, des cigognes noires, espèce pourtant plus rare dans nos contrées, ont été aperçues.
Dans l'inconscient collectif français, on se l'imagine toujours avec une coiffe traditionnelle alsacienne et pourtant... Depuis 20 ans, c'est bien en Charente-Maritime que la cigogne a décidé d'élire domicile. Tant et si bien que plus personne ne s'étonne de voir la tête d'un cigogneau dépassé d'un des nombreux nids visibles sur les arbres et les pylônes électriques autour des marais de Brouage ou de Rochefort. Plus personne ? Bernard Noël, lui, ne se lasse pas de ce spectacle sans cesse renouvelé à à peine 500 m de sa maison. De décembre à fin août, il passe quotidiennement deux à trois heures à observer "sa" colonie.
À la LPO, Nicolas Gendre et ses incontournables jumelles est monsieur cigogne. C'est notamment lui qui travaille en étroite collaboration avec les "électriciens", les gérants des lignes à haute et moyenne tension du département pour concilier protection des oiseaux mais aussi du réseau avec l'installation d'effaroucheurs aux endroits les plus dangereux mais aussi de plateformes pour faciliter la nidification. Cette année, plus de 625 couples de cigognes ont déjà été identifiés en Charente-maritime.On est en fin de saison de reproduction. Les jeunes sont partis depuis pas mal de temps. Je vois encore quelques individus de la colonie mais la plupart sont des oiseaux qui sont en cours de migration donc ils vont passer la nuit ici pour être en sécurité avec la colonie qui est constituée de trois peupliers et ils repartent le lendemain.
Mais c'est une mauvaise année en terme de reproduction même si on devrait atteindre les 950 jeunes à l'envol. Une mauvaise année à cause des conditions climatiques en mai et en juin avec du froid et de la pluie. On a vu dans les arbres et les pylônes des cadavres carrément sur les nids, donc là on a eu une mortalité accrue des jeunes oiseaux.
Mais la bonne surprise de l'année, c'est l'augmentation du passage de cigognes noires dans le ciel charentais. Seuls 68 nids sont recensés en France contre 4000 couples de cigognes blanches. À Nieul-sur-Seudre, un observateur a réussi à en photographier une ainsi que sa bague. L'oiseau nous venait d'Allemagne.