Cette semaine, un stand de vente de colis perdus s'est installé dans un centre commercial de Rochefort en Charente-Maritime. Beaucoup de clients se sont prêtés au jeu de ces paquets surprise.
C'est un peu l'effet pochette surprise, et c'est le nouveau business à la mode. Les ventes de colis perdus font fureur ces derniers mois. Dans cette galerie commerciale de Rochefort (Charente-Maritime) où de grandes tables recouvertes de paquets de toutes tailles ont été installées, ils sont très nombreux à soupeser, tâter, malaxer, pour tenter de deviner le contenu du contenant.
"Ce que j'aime, c'est fouiller, trouver, avoir la surprise" explique Corinne Hurtaud. Cette Rochefortaise est déjà venue plusieurs fois depuis le début de la semaine. Elle vient d'acheter pour une quarantaine d'euros un paquet qu'elle ouvre sous nos yeux. C'est un kit de polish pour voiture avec une mallette à outils complète contenant une mini visseuse. Elle est tout sourire.
Perdus, non réclamés, mal adressés... Ces paquets que l'on appelle les NPAI - pour "N'habite pas à l'adresse indiquée" - ne sont pas toujours récupérés par la société émettrice, essentiellement pour des raisons de coût du retour. Les transporteurs ont alors l’obligation légale de les conserver 80 jours avant de pouvoir s'en débarrasser.
Autrefois, ces colis étaient détruits, mais depuis 2022, la loi anti-gaspillage l'interdit pour les produits non alimentaires. Une fois le délai légal passé, les colis sont donc cédés à des sociétés qui les revendent au poids. Nouvellement créées, elles surfent sur la vague de ce marché en plein essor.
Un pot de peinture... à 90 euros
Ce jour-là, tous ceux qui sont venus tenter leur chance à Rochefort sont à la recherche de la potentielle "bonne affaire". "Nous, on vend du contenant, on ne sait rien du contenu" explique Flavien Legendre, le co-fondateur de la société "Colis mystère France" qui organise cette vente.
Basés à Royan, son frère et lui se fournissent auprès d'un grossiste qui récupère chaque mois près de 90 tonnes de colis. "On lui rachète à la tonne pour revendre au poids" détaille-t-il. Sur l'une des tables, les tarifs sont clairement affichés : 1 euro pour moins de 50 g, vingt euros pour des paquets d'un kilo.
Et comme dans toute loterie, il y a des gagnants et des perdants. "Tout à l'heure, un monsieur a acheté un gros carton à 90 euros parce qu'il était très lourd, raconte Flavien Legendre, dedans, il y avait un pot de peinture !"
T shirt, pull, bijou, instruments de musique, les paquets peuvent contenir toutes sortes de produits, de valeur ou non. Il est néanmoins recommandé de faire expertiser tout objet présenté comme un produit de marque, et de détruire les contrefaçons.
"Pas déçue du tout", Corinne Hurtaud, elle, n'en finit plus d'exhiber ses "bonnes pioches" : "aujourd'hui, j'ai eu un GPS et ma voisine a eu un magnifique blouson" annonce-t-elle fièrement. "Mais vous seriez venus hier, on a trouvé une paire de seins en silicone, quelle rigolade ! Et l'autre jour, c'était un sextoy !", poursuit-elle en s'esclaffant.
Une petite partie de ses achats du jour sera conservée, la plupart sera revendue. "Cette semaine, j'ai dépensé 280 euros, je vais pouvoir récupérer ma marge."