A Royan, Olivier de Corgnol a mis 10 ans pour se construire un avion de chasse de la Grande Guerre

C'est sur l'aérodrome de Royan-Médis en Charente-Maritime que ce pilote amateur retraité est sur le point de réaliser son rêve : voler sur un Nieuport 17, avion mythique de la première guerre mondiale. 

Même s'il ne le montre pas, Olivier De Corgnol n'est pas peu fier de son "bébé". De son "super bébé" même devrait-on dire puisque c'est ainsi qu'on surnommait le Nieuport-17 en 1916. Succédant au Nieuport-11, ce biplan de conception française a révolutionné l'art de la guerre. Pour tous les amateurs, c'est une machine volante pour toujours associée aux noms des grands as comme Georges Guynemer, Charles Nungesser ou le canadien Billy Bishop. Avec ses amis de l'Asercaa, l’association socio-éducative royannaise des constructeurs amateurs d'avions, c'est donc avec une extrême précaution qu'ils manipulent l'engin pour le sortir du hangar de l'aérodrome de Royan-Médis.

De faux impacts de balle sur la carlingue

Avec son moteur deux temps de 52 chevaux et ses 180 kilos d'aluminium, de toiles et de fontes, le Nieuport-17 devrait se limiter à des pointes de 110 Km/h et deux petites heures d'autonomie. Ca se passait comme ça aux grandes heures des pionniers de l'aviation. "Ce qui m’a plu, c’est son allure. Il a une dérive très typique et spéciale", explique Olivier, "c’est ce qu’on appelle un sesquiplan, un appareil biplan dont les ailes inférieures sont plus petites que les ailes supérieures. Ça lui donne une allure qui ne ressemble à aucune autre. J’étais parti pour trois, quatre ans et ça m’a en a pris dix".

Sur son établi, le septuagénaire continue de peaufiner certaines pièces de son "super bébé". C'est à l'aide d'un simple plan sur papier qu'il s'est lancé dans l'aventure. A l'entendre, il suffit juste d'un peu d'huile de coude et de beaucoup de patience. "Au départ je n’avais que cette licence que j’ai achetée aux Etats-Unis. C’est un appareil français mais il avait été piloté par l’escadrille La Fayette avec ses volontaires américains. Les américains sont très friands de ce genre de chose et ils vendent des plans de construction pour faire une réplique du Nieuport. Ensuite il a fallu un lot de matières avec des tubes et des tôles, etc et les découper selon le croquis et les indications donnés sur le plan". Tout simplement. Sur la queue de l'avion, en hommage à ces illustres prédécesseurs, il a peint d'un côté la croix de fer allemande et de l'autre le drapeau tricolore. Sur la carelingue, un de ses amis à même reproduit de faux impacts de balle sur le capot moteur. 

Le pilotage aux fesses

"C’est un avion mythique et qui est valorisant pour notre association", explique Gérard Giol, vice président de l'association, "dans Asercaa, il y a socio-éducatif et c’est très important de partager ça avec des jeunes et des non-sachants parce que les gens n’imaginent pas qu’on puisse créer des avions dans un petit atelier et les faire voler". De fait, on a, en bons néophytes, du mal à imaginer que ce "petit coucou" va pouvoir bientôt prendre son envol dans le ciel de Royan. 

"C’est un avion très rustique qui demande beaucoup d’attention", poursuit Gérard Giol, "ce n’est pas facile à faire voler. D’ailleurs ceux qui vont le mettre en vol devront faire très attention car c’est un avion qui a tendance à se mettre sur le nez et faire ce qu’on appelle un cheval de bois, donc c’est très délicat. C’est ce qu’on appelle le pilotage aux fesses. Toutes les sensations, on les a dans le siège de l’avion et il faut faire avec".

Tous les membres de l'Asercaa et Olivier de Corgnol en premier ont donc hâte de prendre les airs à bord de "super bébé". En plus de faire rêver les passionnés, c'est aussi un certain savoir-faire qu'ils pérennisent en redonnant à cet avion de chasse le droit de voler.

 

 

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