Le Tiki, restaurant mythique de la ville de Royan, a fermé définitivement ses portes le 5 décembre 2023. Un autre projet devrait voir le jour à sa place. Vendredi 31 mai, son mobilier a été vendu aux enchères. L'occasion de lui dire adieu une dernière fois.
La vue est tellement belle que certains sortent entre deux inspections de gamelles ou casseroles. Le téléphone à la main, il faut immortaliser la mer, la plage et son soleil radieux. D’autres, venus en curieux imbibés de souvenirs, font de même. Mais se tournent plutôt vers le bâtiment. Une photo souvenir pour dire adieu au Tiki.
Le Tiki, ce restaurant mythique de Royan. Il a fermé ses portes définitivement le 5 décembre 2023 après des décennies à animer la vie de la cité balnéaire. Et voici venue l’heure où tout son mobilier va partir aux enchères ce vendredi 31 mai 2024.
« Ça m’évoque ma jeunesse », confie André Guérin, Royannais depuis plusieurs générations. « On y a loué des toiles de tente et des pédalos. Et puis, en 1969, ça a été rasé et le Tiki a été construit avec sa boîte de nuit », se souvient-il. « Il a mis de l’animation dans le coin. C’est une page qui se tourne. »
Le Tiki, vieillissant, ne s’en sortait plus. La liquidation judiciaire est tombée comme un couperet.
« Allez un peu de silence ! » Deux cents personnes sont massées devant le commissaire-priseur entouré de tout ce qui fait la vie d’un restaurant : des chaises, des chariots, des vitrines, de la vaisselle, des tableaux noirs où l’on écrit le menu à la craie.
« Mesdames et messieurs, bonjour, il est 13h. Nous allons commencer la vente. » Morceau par morceau, le Tiki va s’en aller. Des milliers d'objets. 300 lots au total. La vente au sein même du restaurant devrait durer jusque dans la soirée. « Préparez-nous vos cartes bleues et organisez-vous pour enlever les affaires ! »
Adjugé ! Vendu !
Le premier lot, deux fait-tout en inox. Adjugé 25 euros.
La masse des acheteurs est principalement composée de professionnels de la restauration. « Je suis de Libourne », indique Valérie Valette. « Je suis les ventes un peu partout et celle-ci paraissait intéressante pour la quantité et la qualité des produits. Mais j’étais venue dans le temps et cela fait bizarre de revenir là et de voir que c’est vendu. »
Les lots partent les uns après les autres. Jean-Luc Verlet tient un café qui se nomme « Les deux Colombes » à Saint-Romain-de-Benet. « Je fais de très bonnes affaires. C’est pour la future cuisine de mon café. »
Le lot le plus attendu, ce sera la licence IV qui donne possibilité de vendre de l’alcool. « Elle est estimée entre 12000 et 16000 euros », annonce Jean-Renaud Geoffroy, le commissaire-priseur.
Une vente pas comme les autres. Même pour un commissaire-priseur aguerri. « Le Tiki, c’est un symbole de Royan. C’était le vaisseau amiral de la restauration de la ville avec un emplacement de rêve sur la plage. C’est toujours difficile et perturbant de voir partir un établissement tel que le Tiki. »
Une fermeture prévisible selon Laurent Labit. Son père a tenu le Tiki de 1974 jusqu’à 2006. Il a pris la suite jusqu’en 2015. « C’est une grosse structure qui a besoin de clients toute l’année. Nous nous sommes aperçus qu’il devenait difficile de faire face à la naissance de gros restaurants dans les zones industrielles. Il n’y avait pas assez de clients l’hiver ». Les gérants qui se sont succédé n’ont pas réussi à freiner la chute.
« Allez ! 40 euros les marmites pour cuire les écrevisses ! »
Aller de l'avant
La vente se poursuit. Ce soir, il ne restera plus rien. « Oui, bien sûr, cela nous touche, le Tiki faisait partie de nos vies à tous », ajoute Laurent Labit, l’ancien gérant. « Mais on n’y peut pas grand-chose. »
André Guérin, le Royannais venu saluer le Tiki une dernière fois, est sur la même ligne : « Il ne faut pas avoir de nostalgie. Il faut toujours aller de l’avant. Mais j’espère qu’il va y avoir autre chose pour redynamiser le coin. »
La mairie, propriétaire du bâtiment, a effectivement des projets. Mais qui ne se concrétiseront pas tout de suite. L’été 2024 se fera sans son restaurant mythique. Le Tiki a tiré sa révérence.