C'est dans la région de Royan que sont apparus les premiers panneaux de cette campagne nationale. La fédération de chasse de Charente-Maritime a décidé de porter plainte.
Une campagne choc avec un message sans ambiguïté ; en reprenant à son compte et en détournant les éléments de communication du gouvernement au sujet de la crise sanitaire, la Fondation Brigitte Bardot sait, évidemment, que ces panneaux publicitaires vont susciter de multiples réactions dans le pays. Et c'est Royan et ses alentours qui ont eu la primeur de cet affichage nationale qui doit se dérouler jusqu'au 15 mai dans l'ensemble de l'Hexagone.
"Selon l’Office Français de la Biodiversité, les 5 dernières saisons de chasse (2015/2020) ont provoqué 674 accidents, dont 57 mortels. En 20 ans les chasseurs ont tué plus de 400 personnes ! Ce loisir est le seul à provoquer la mort de non-participants", peut-on lire sur le site internet de la fondation qui lance l'offensive sur la base d'un sondage commandé à 'l'Ifop : "cette étude de mars 2021 révèle que 71 % des Français ne se sentent pas en sécurité lorsqu’ils se promènent dans la nature en période de chasse".
Christophe Marie, porte-parole de la fondation, confirmait récemment les objectifs de la campagne à nos confrères de BFM-TV : "lancer le débat et notamment sur la nécessité de reconnaitre au minimum une journée sans chasse puisque, en France, pendant la période autorisée, les chasseurs peuvent chasser 7 jours sur 7 sans possibilité pour les non chasseurs de pouvoir profiter de la nature sans risque d’avoir une cartouche. Donc, c’est quelque chose qui doit être mis sur la table parce qu’on souhaiterait, par exemple, que les dimanches soient des jours sans chasse".
Le premier à réagir fut le sénateur Michael Vallet qui est, par ailleurs, vice-président du groupe d’étude «chasse et pêche» au Sénat et qui, de toute évidence, n'apprécie que très modérément l'initiative.
Et Bardot créa l’insulte à ceux qui entretiennent nos espaces ruraux.
— Mickaël Vallet (@mickaelvallet) March 31, 2021
C’est à ça que sert l’argent public d’une fondation ? A diffuser des insinuations malveillantes sur la chasse ?
La liberté d’expression est sacrée, le droit de dire que c’est minable aussi.
Et ça l’est. pic.twitter.com/54Oma6Z5Pg
Mais, bien sûr, c'est le monde de la chasse qui se scandalise aujourd'hui en Charente-Maritime. Une plainte pour incitation à la haine et diffamation a été déposée par la fédération départementale à la gendarmerie de Royan. Nul doute que, partout, dans le pays, les autres fédérations réagiront de la même façon au fur et à mesure que les panneaux "fleuriront" au coin des rues.
Jean-Bernard Le Larquier, vice président de la fédération de chasse de Charente-Maritime, ne décolère pas. "Imaginez si, au lieu que ce soit les chasseurs, on avait dit à l’ensemble des joggeurs ou des vététistes, restez chez vous ! Et en plus, et c’est la deuxième raison, pour laquelle on attaque cette campagne, c’est qu’elle est mensongère et trompeuse puisqu’on utilise tous les codes de la campagne anti-covid. On nous demande de rester chez nous pour sauver des vies. Mais si on reste chez nous, vous savez que nous avons une mission de régulation qui est le contrôle des grands animaux. Aujourd’hui en France, c’est 80 000 accidents de la route à cause des sangliers. Si nous nous arrêtons, ce sera 150 ou 200 000 et la Fondation Bardot ira expliquer aux familles des victimes pour quelles raisons ils sont décédés".
Joint cet après-midi, Christophe Marie contre-attaque et n'hésite pas à aller sur le terrain des chasseurs : "on est là pour dénoncer cette invraisemblance de faire croire que les chasseurs régulent alors qu’ils souvent à l’origine des problèmes, y compris pour les sangliers. Il y a eu une hybridation et des lâchers de sanglier à une époque pour favoriser la reproduction et le nombre de sangliers à chasser. Encore aujourd’hui, il y a l’agrainage, à savoir que les sangliers sont nourris soit disant pour les éloigner des cultures mais, au final, les chasseurs favorisent ainsi leur reproduction. Donc non, les chasseurs ne sont pas du tout des régulateurs de la faune".
De toute évidence, la campagne choc a déjà atteint son premier objectif qui était d'être relayée médiatiquement. Reste maintenant à la justice de décider s'il y a effectivement diffamation et incitation à la haine. La chasse aux arguments est ouverte.
Reportage de Frédéric Cartaud, Cédric Cottaz et Josiane Étienne