Alors que la décrue est amorcée dans toute la France, la Charente continue à augmenter. Elle devrait atteindre son pic ce lundi 8 février. En attendant, les évacuations et les opérations de mise à l'abri se poursuivent.
"Toute notre vie est là. Comme tous ceux qui sont inondés, on a toujours peur de tout perdre, alors que ce n'est que du matériel", essaye de relativiser cette habitante de Saintes. Cela ne fait que six mois qu'elle a emménagé. À l'aide des pompiers, elle essaye de protéger ses meubles et son électroménager en les surélevant.
Avec plus de 15 centimètres pris en 24 heures, la Charente atteint les 6,02 mètres (à 7h, ce samedi matin) et provoque des conséquences inattendues.
Dans une des rues de la commune, l'inondation a entraîné le débordement de deux cuves de fioul de 1 000 litres... Qui se sont propagées à l'ensemble de la rue.
L'odeur âcre alerte les riverains, déjà contrariés par la crue, désormais inquiets. "Dans ma cour, j'ai quinze centimètres d'eau, dans ma cave et j'en ai soixante ! Et j'ai autant de fioul dans ma cour et dans ma cave !"
Pour contenir la fuite, les pompiers sont en repérage, tout en continuant d'assurer la sécurité des habitants.
22 communes restent touchées par la crue
De nouveaux secteurs sont impactés : rue Chapsal, rue Clémenceau, pont des Monards, chemin de la Meunerie. Dans l'après-midi, le SDIS est d'ailleurs appelé pour venir en aide à un habitant piégé. En tout, 82 habitants ont dû être évacués dont 6 ont été relogés. Plus de 200 sapeurs-pompiers, gendarmes et policiers sont déployés sur la zone.
Pour les habitants évacués, un centre d'accueil d'urgence est ouvert à l'abbaye aux Dames. Un numéro d'urgence est ouvert tout le week-end de 8 h à 18 h au 05.46.92.34.45
Selon le maire, Bruno Drapron, près de 7 000 personnes pourraient être touchées par les inondations. "Pour l'instant, on met en sécurité, tant qu'il y a de l'électricité et du chauffage, les gens préfèrent souvent rester chez eux. Peut-être 10% d'entre eux pourraient finalement être évacuées".
Une partie de la rue Gautier et la rue Jardin Public sont sans électricité et ne pourront pas être alimentées avant la décrue. Le gaz est aussi coupé sur une partie de la rue de Taillebourg et de la rue Pelletan.
En ce début d'après-midi, plusieurs cours d'eau restent sous surveillance selon la préfecture de la Charente-Maritime : la Charente aval et la Boutonne amont sont ainsi en vigilance orange.
22 communes sont encore concernées par cet épisode de crues.
Une crue incomparable à celle de 1982
Si cette crue de 2021 est plus importante que celle de mars 2007, elle reste sans comparaison à celles connues par le Poitou-Charentes au XXe siècle.
En janvier 1994, le niveau de la Charente atteint 6m57 et fait venir l'ancien président de la République, François Mitterrand, qui ne pourra que constater les dégâts. les dégâts. Épargnés par les crues récentes, les Poitevins s'étaient eux aussi retrouvés les pieds dans l'eau.
Mais la crue la plus marquante reste celle de 1982. 6,84 mètres à Saintes, 5,6 mètres à Poitiers, .... Il n'y avait qu'un risque sur 100 qu'elle se produise, et pourtant, le niveau de l'eau flirte alors avec la chaussée du Pont Joubert. Sous la pression des flots, celui-ci cède et se fissure. Du jamais-vu.