Deux collégiens blessés gravement dans une rixe, une délinquance des mineurs de plus en plus forte ?

À Soyaux, en Charente, un collégien et son frère se sont fait grièvement blesser, roués de coups par plusieurs autres mineurs. Une rumeur est à l'origine de cette violence. Une affaire dont le parquet d'Angoulême s'est rapidement emparé.

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À l'origine de cette affaire, une rumeur. Au sein du collège Romain Rolland de Soyaux, en Charente, le bruit court qu'un élève de 14 ans aurait pris en photo son sexe et l'aurait envoyé à un autre élève. Une rumeur infondée. Pourtant, le 20 janvier dernier, à la sortie du collège, l'adolescent et son petit frère se font prendre à partie par quatre mineurs, comme le révèle Charente-Libre. Les deux frères finissent grièvement blessés. Une scène filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. Dès les jours suivants, le parquet d'Angoulême se saisit du dossier et défère les quatre auteurs présumés.

Quatre mineurs mis en examen

La rixe qui s'est déroulée devant le collège Romain Rolland de Soyaux le 20 janvier 2025 a choqué. Les images d'un adolescent de 14 ans et de son petit frère de 11 ans, qui avait tenté de s'interposer, roués de coups, ont été vues par tous, diffusés sur les réseaux sociaux. Une violence extrême ayant mené à 8 jours d'incapacité de travail totale pour la victime de 14 ans.

L'affaire est d'autant plus préoccupante qu'une fausse rumeur en est à l'origine. Parmi les quatre agresseurs présumés, certains avouent, après leur interpellation, ne même pas savoir pourquoi ils se battaient. Poursuivis par le parquet d'Angoulême, trois d'entre eux ont été expulsés du collège et placés sous contrôle judiciaire. Ils seront jugés au tribunal pour enfants le 4 mars prochain.

En alerte sur ces questions de violence chez les mineurs, la procureure de la République d'Angoulême, Stéphanie Aouine, indique que le parquet y prête une attention particulière et est "particulièrement réactif […], notamment depuis une agression survenue dans un lycée en début d’année 2024".

Nous travaillons avec les services d’enquête de la Police Nationale en ce domaine, mais également avec les élus et les acteurs de terrain pour contribuer à rétablir, le plus rapidement et le plus durablement possible, le calme dans les quartiers et aux abords des établissements scolaires.

Stéphanie Aouine

procureure de la République d'Angoulême

À Soyaux justement, depuis trois mois, des jeunes élèves de primaire volontaires suivent une formation de médiation afin d'éviter et de prévenir tout type de conflits à l'école. Un dispositif imaginé à Angoulême il y a près de 20 ans et qui est aujourd'hui relancé. Actuellement, 300 élèves médiateurs sont formés et certains sont arrivés au collège et au lycée. Une solution qui permet de responsabiliser des élèves vers qui se tourner est plus facile que des adultes.

Une violence de plus en plus présente chez les mineurs ?

Ces derniers temps, les faits divers concernant la violence des mineurs sont très présents dans l'actualité. Une médiatisation exacerbée par la présence de plus en plus importante de scènes violentes, notamment sur les réseaux sociaux. Pourtant, dans les faits, la délinquance chez les mineurs est en baisse ces dernières années. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, cette délinquance ne cesse de diminuer depuis 10 ans, pour tous types d'actes confondus. Après avoir plus que doublé de 1993 à 2009, ils sont à présent revenus au même niveau qu'en 1996.

Parallèlement, le taux de mineurs mis en cause pour coups et blessures est, lui aussi, en baisse. Après avoir atteint un pic de 13 % en 2017, ce taux est redescendu à 8 % en 2023. Néanmoins, le sentiment diffusé dans la société va à l'encontre de ces chiffres. Si bien que la classe politique veut se saisir du sujet. En octobre dernier, Gabriel Attal avait déposé une proposition de loi consistant à "restaurer l’autorité de la justice à l’égard des mineurs délinquants et responsabiliser davantage leurs parents". "Ma boussole, c'est l'impunité zéro", avait déclaré l'ex-Premier ministre.

Un texte qui pourrait avoir des aspects inconstitutionnels. Jugé par certains "violents", la proposition de loi n'apporterait aucune plus-value et pourrait même être inconstitutionnelle sur certains aspects. Selon la Défenseure des droits, Claire Hédon, qui livre un avis défavorable à ce texte, la création d'une procédure de comparution immédiate pour les mineurs "va à l’encontre des principes fondamentaux de la justice des mineurs". Elle relève que cette loi amènerait la France à rompre ses engagements auprès de la Convention internationale des droits de l’enfant. D'autant plus que le Code pénal prévoit déjà une procédure spécifique dans les cas les plus graves. Après un premier revers en commission des lois en novembre, sera débattu à l'assemblée mi-février.

C'est aussi le cas d'une autre proposition de loi porté par le député de la Droite Républicaine, Fabien Di Filippo qui visait à "suspendre les allocations familiales aux parents de mineurs criminels ou délinquants". Une proposition qui fait rire jaune le Rassemblement National qui avait proposé un texte similaire en 2023, rejeté également.

"Si elle trouve un écho très vif dans l’opinion publique, cette rhétorique répressive n’a aucun fondement empirique ni éducatif. Depuis dix ans, il n’y a pas de montée de la délinquance juvénile", alerte, auprès de Libération, l'historienne ayant travaillé à la Direction de la protection judiciaire de la jeunesse, Véronique Blanchard. Mais malgré les éléments factuels, une partie de la classe politique ainsi que de l'opinion publique persiste et signe sur la question.

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