Dans l'ex-Poitou-Charentes, c'est le seul département qui pouvait réellement créer la surprise. Comme il y a six ans, la majorité s'est jouée à un canton près et l'unité de la gauche charentaise a porté ses fruits.
En 2015, avec un écart infime de 118 voix, le canton de Tude et Lavalette tombait dans l'escarcelle de la droite charentaise. Elus, Marie-Christine Labrousse et Didier Jobit faisaient du même coup pencher la balance et permettait à Jérôme Sourisseau de prendre la présidence du département. Mais voilà, avec cette année une candidature dissidente à droite, c'est finalement le binôme divers gauche de Patrick Gallès et Nelly Vergès qui remporte la mise. Autant dire que, ce dimanche en début de soirée, l'annonce de ce résultat dans ce canton-là a été reçu plus que positivement par le camp de Philippe Bouty qui, dans le même temps, s'imposait logiquement en Charente-Vienne.
Le socialiste avait pourtant la victoire modeste et, surtout, préférait éluder l'épineuse question de la présidence de l'assemblée départementale que pourrait lui disputer Nicole Bonnefoy, la sénatrice elle aussi réélue dans le canton de Boix et Manslois. "Chaque chose en son temps. Il n’y a pas de président ou de présidente auto-proclamé(e)", déclarait Philippe Bouty, " la gauche unie, c’était sûrement la bonne recette. Nous gagnons le département certes d’un canton, mais c’est une victoire que les Charentais et Charentaises attendaient aussi. Il y a une grosse fracture politique entre l’est et l’ouest encore plus marquée aujourd’hui avec 10 cantons dans la majorité et dix dans l’opposition. La majorité que nous constituons ce soir sera au service de tous les Charentais. La crise sanitaire que nous avons traversée nous oblige à nous recentrer sur les principales compétences du département, sur le social. Le changement climatique nous oblige à repenser les politiques environnementales. C’est ce projet que nous allons mettre en œuvre et qui s’adresse à l’ensemble des Charentais".
VIDEO - Philippe Bouty - candidat PS - canton Charente-Vienne
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Très vite, la majorité sortante ne pouvait que concéder sa défaite. "L’alternance n’aura duré que six ans. On le regrette parce qu’on pense avoir fait du bon travail", déclarait devant nos caméras Philippe Sourisseau, "mais ce scrutin doit servir de leçon à beaucoup. D’abord par l’abstention qui touche tout le monde et qui doit interroger tous les partis politiques, le président de la République et l’ensemble des partis parce que si on continue comme ça, on va dans le mur. Ensuite sur la lisibilité de de nos collectivités par nos citoyens parce que on a tous fait campagne et on s’est rendu-compte que nos concitoyens ne savaient pas du tout ce que faisaient le département et la région, et même qu’ils s’en moquaient. Donc il y a vraiment des questions qui se posent aujourd’hui".
Même désappointement pour Thomas Mesnier de La République en Marche qui pourtant se faisait élire dans le canton d'Angoulême-2. "On espérait un rebond de participation qui n’a pas eu lieu et je regrette que le département bascule", déclare le député de Charente, "la majorité départementale dépasse les clivages au profit des Charentais en allant du centre-gauche, centre-droit et à la droite face à une opposition qui ressemble davantage à la gauche des années 80".
Dans le canton de Tude et Lavalette, le binôme de gauche l'emporte cette année de 338 voix. Difficile donc, comme en 2015, de tirer des conclusions définitives sur un scrutin marqué par une abstention historique dans le pays.