Morgan, alias James Godrick sur Instagram, a été agressé verbalement et physiquement à Cognac, le 27 avril dernier. Son agresseur sera jugé en novembre. Aujourd'hui, il souhaite encourager les victimes d'agressions homophobes à porter plainte.
Morgan ne lui avait jamais parlé. Pourtant, c'est lui et son petit ami que son voisin a pris pour cible, vers 21 heures, le 27 avril dernier à Cognac, en Charente.
Le jeune homme, un Cognaçais de 27 ans, raconte avoir essuyé des jets de bouteilles et des insultes à caractère homophobe alors qu'il sortait de chez lui, et s'être battu avec son agresseur, ce soir là, pour protéger son copain.
"Il m'a traité de "tafiole", "pédé", m'a fait un croche-patte par derrière, et a tenté de me casser le bras", raconte-t-il, encore marqué. Il en ressort avec 8 jours d'ITT, et une incapacité de faire du sport pendant trois mois. Mais surtout, psychologiquement bouleversé. Il en est persuadé ; son homosexualité est à l’origine de l’agression verbale et physique qu'il a subi.
"Je n'avais jamais eu de problème d'homophobie en dix ans"
Deux semaines après l'agression, Morgan a du mal à retourner chez lui. "Je ne pense pas revenir tout de suite, il habite tout près." "Il", c'est son agresseur, son voisin d'une vingtaine d'années.Blessé aux lombaires, au poignet et au bras, qu'il porte en écharpe, il est surtout choqué d'avoir été attaqué pour ce qu'il est.Je ne le connaissais pas. Je voyais qu’il me lançait des regards noirs parfois, mais je ne pensais pas que ça pouvait aller jusque-là. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé.
- Morgan
Intérimaire et "influenceur" sur Instagram (130.000 abonnés) sous le pseudonyme de James Godrick, Morgan assume son homosexualité depuis environ dix ans. Après avoir partagé son agression dans les médias, sa communauté a été un véritable soutien pour lui.Je n’avais jamais eu de problème d’homophobie avant, même en ayant vécu à Paris ou à l’étranger, comme en Tunisie. Donc j'étais impressionné. Psychologiquement, on en prend un coup.
J’ai reçu beaucoup de messages sur les réseaux sociaux, ou même dans la vraie vie lors de shootings photo... C'était dur, mais maintenant il faut remonter la pente.
"Ne pas hésiter à porter plainte"
Une source d'inspiration pour Morgan, qui a été également poussé par sa mère, Pascale, à porter plainte.Depuis, Morgan veut inciter toutes les victimes d'agression à en parler un maximum autour d'eux, et surtout "à porter plainte et ne pas se laisser faire".Mon fils est homosexuel depuis ses 15, 16 ans, et ça s’est toujours bien passé. Pour moi, homo ou hétéro, ça sera toujours mon fils. Je ne comprends pas qu’on ait pu lui faire ça. J’attends que l’agresseur soit puni et présente ses excuses.
- Pascale, mère de Morgan
Ce week-end là, l'individu ayant agressé Morgan a été interpellé. Il présentait effectivement un taux d’alcoolémie élevé (1,08 mg/l d’air expiré). Il a été remis en liberté, mais est poursuivi pour "violences volontaires n’ayant pas entraîné d’ITT supérieure à huit jours" [ITT : incapacité temporaire de travail], commises "à raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre de la victime". L'audience aura lieu au tribunal correctionnel d’Angoulême, le 5 novembre prochain.
Ecoutez ici le témoignage de Morgan
L’accroissement du nombre d’actes LGBTphobes signalés auprès de l'association s’accompagne d’une hausse alarmante du nombre d’agressions physiques.
"Ces signalements ont dramatiquement progressé au dernier trimestre de l’année 2018, allant jusqu’à atteindre une agression physique par jour."