Le Moulin du Verger à Puymoyen (16) touche le gros lot du patrimoine

Le dernier moulin à papier charentais encore en activité vient d'être retenu parmi les sites en péril qui bénéficieront du loto du patrimoine.

Le loto du patrimoine a dévoilé ce lundi 7 septembre la liste des 101 sites en péril éligibles à l’aide financière de sa troisième édition. Après le château de Bouteville en 2018 et l’Abbaye de Châtres l’année dernière, la Charente voit une fois encore un de ses monument sélectionné : le Moulin du Verger, à 4 km au sud d’Angoulême, à Puymoyen. Inaugurant une longue tradition papetière charentaise, les premiers bâtiments furent érigés en 1539, sous le règne de François Ier.

Il y a eu en Charente une trentaine de papeterie et c’est la dernière, la seule, qui ait résisté dans le temps. Par des hasards successifs, des coups de chance. Eh bien voilà un nouveau coup de chance. Et ça me réjouit profondément. 

Jacques Bréjoux, maître d'art papetier

 
Entièrement reconstruit au 17ème siècle par un marchand papetier hollandais, le moulin abrite toujours un atelier de papeterie traditionnel dont la technique remonte au 13ème siècle. On continue d’y produire à la main des papiers recherchés pour les éditions de luxe, et la restauration des ouvrages du XIVème au XIXème siècle.

La caractéristique de cet endroit, c’est que c’est une papeterie ancienne qui est encore vivante aujourd’hui. On y fait ce qu’on y a toujours fait, dans un esprit assez proche de celui dans lequel on y travaillait avant la révolution industrielle. Il y a donc une espèce de cohérence entre l’édifice et ce qui s’y fait. Et je crois que c’est à cela que la commission du patrimoine a été sensible.

Jacques Bréjoux, maître d'art papetier

 
Les travaux envisagés concernent les berges à consolider et la turbine qui doit être intégralement démontée pour pouvoir être restaurée. Mais l’urgence c'est la toiture. L'inscription du moulin à l’inventaire des monuments historiques en 1991, au titre de l’architecture industrielle du XVII, protège certes l’édifice mais induit un cout supplémentaire pour sa rénovation : 100.000 euros.

Quand on a acheté le bâtiment, on s’est jeté à l’eau en sachant pertinemment qu’on avait pas les moyens de l’entretenir à très long terme. Moi ça fait 30 ans que je me bats sur ces histoires de toitures. Ça use mais on s’est débrouillé pour tenir le coup. Là maintenant on va peut-être passer à un stade où on sera un peu plus libérés. C’est compliqué l’entretien de ces édifices. C’est des immenses surfaces.

Jacques Bréjoux, maître d'art papetier

 
Sans aller jusqu’à concurrencer la Corderie Royale de Rochefort, le séchoir (72 m pour 450 m²) est l’un des plus long bâtiment industriel de son époque. Quant au moulin à proprement parler, il est alimenté par un bief d’1 km qui faisait tourner jusqu’à 4 roues au 17ème siècle. Aujourd’hui il actionne une turbine, installée dans une chute de 7 mètres. L’ensemble est niché sur la rive droite de la vallée des Eaux Claires, au pied d’une petite falaise. Jérôme Deboeuf et Cécile Landais ont rencontré les heureux propriétaires du moulin à papier :