Une dizaine de personnes de la mouvance antivaccins ont été interpellées en France ces derniers jours. Elles sont soupçonnées d'avoir harcelé en ligne plusieurs médecins et élus, dont la sénatrice de Charente, Nicole Bonnefoy.
Tout a commencé à l'automne dernier. Nicole Bonnefoy, sénatrice socialiste de la Charente, découvre des milliers de commentaires sur sa page Facebook, une sorte de montage photo avec son visage :
C'était une inondation, il y en avait des centaines, des milliers. Ils mettaient en scène mon visage avec une croix-gammée sur le front et une bulle me faisant dire "je suis une nazie, je défends la dictature nazie-sanitaire."
Nicole Bonnefoy, sénatrice de la Charente
Selon elle, cette attaque serait liée au fait que le groupe socialiste au Sénat est favorable à la vaccination et qu'il a même déposé à l'automne une proposition de loi pour rendre la vaccination obligatoire.
Aussitôt elle alerte la préfète du département et le président du Sénat, qui lui conseillent de porter plainte, ce qu'elle fait. Les forces de l'ordre viennent travailler sur son ordinateur et une protection de son domicile et de sa permanence est mise en place.
D'autres élus et un médecin ailleurs en France ont également fait l'objet de cette attaque concertée et ils portent plainte de leur côté.
Une enquête qui débouche sur huit interpellations
Mardi dernier des interpellations simultanées permettent d'appréhender huit personnes dans le Finistère, le Rhône, la Seine-et-Marne, la Moselle et les Hauts-de-Seine. Les huit gardés à vue appartiennent au groupe anti vaccin V_V né en Italie sous le nom de Vivi, cela viendrait du verbe italien "vivere" qui signifie vivre. Les militants se considèrent comme des guerriers et avancent sur internet masqués au propre comme au figuré. Ils manifestent en effet en portant le masque blanc rendu célèbre par le film V comme Vendetta et par les Anonymous.
Deux ans de prison et 30.000 euros d'amende
Les personnes interpellées seront jugées dans les prochains mois, elles encourent une peine allant jusqu'à deux ans de prison ferme et 30.000 euros d'amende. Une satisfaction pour la sénatrice charentaise qui reste marquée par ce déversement de haine et cette "méthode abjecte d'intimidation".
La police leur a mis le grapin dessus, ils vont être jugés, condamnés et j'espère que ça leur servira de leçon.(...) Ma famille était très inquiète et elle reste bouleversée, avec des gens comme ça, on ne sait jamais jusqu'où ça peut aller.
Nicole Bonnefoy, sénatrice de la Charente
Mais le combat contre la haine en ligne est loin d'être gagné, cette semaine encore, Nicole Bonnefoy a reçu un mail pour le moins effrayant.
J'ai reçu un mail avec une photo de guillotine et comme message "tu vas crever".
Nicole Bonnefoy, sénatrice de la Charente.