Emmanuel Macron souhaite que la visite aux malades et aux personnes âgées en fin de vie soit rendue possible. Les associations de soutien demandent que ces visites s'appliquent à tous, pour rompre un isolement qui pourrait s’avérer fatal.
Je demande aux personnes les plus vulnérables, aux personnes âgées, […] de rester, même après le 11 mai, confinées.
L'allocution du lundi 13 avril 2020 du Président de la République précisant l'allongement de la durée du confinement strict inquiète les associations de soutien des personnes âgées et de leurs familles.
Le 24 mars 2020, la FNAPAEF (Fédération Nationale des Associations et Amis de Personnes Agées Et de leurs Familles) dans une lettre ouverte au Premier Ministre, avait déjà alerté sur les dangers du confinement pour les personnes âgées.
Lettre ouverte au gouvernement
Claudette Brialix, la présidente de la Fédération Nationale des Associations et Amies des Personnes Agées et de leurs Familles l'assure : "Pour qu’une personne âgée vive, il faut qu’elle soit stimulée et qu’elle ait de l’affection. Sans cela, elle va perdre l’appétit et l’issue est malheureusement certaine".
Trois semaines plus tard, les dangers pointés par les associations sont confirmés. Plusieurs directeurs d’EHPAD de Nouvelle-Aquitaine confirment la dégradation de certains résidents en période de confinement.
Ils constatent une accentuation des dépressions ainsi que des "syndromes de glissement", c’est-à-dire une détérioration rapide psychique. Ces mêmes professionnels font aussi état d’une recrudescence de décès hors Covid.
Alors, quand Emmanuel Macron ajoute dans sa dernière allocution du 13 avril 2020 : "je souhaite que les hôpitaux et les maisons de retraite puissent organiser (...) la visite aux malades en fin de vie pour pouvoir leur dire adieu", mesures déjà prises de manière très strictes par certains établissements, les associations tirent la sonnette d'alarme et demandent que ces mesures s'appliquent pour toutes les personnes âgées.
Pourquoi attendre la fin de vie pour offrir à nos personnes âgées un environnement sécurisant, ajoute le psychiatre Serge Hefez qui réclame les mêmes mesures que les associations.
"Parloirs", espaces d’échanges entre les personnes âgées et leurs familles
C’est avant le 11 mai qu’il faut agir. L’hécatombe est en marche. Il y a une recrudescence des décès. Les gens meurent aussi de solitude et d’isolement en maison de retraite.
Pascal Le Bihanic, administrateur de la FNAPAEF (Fédération Nationale des Associations et Amis de Personnes Agées Et de leurs Familles) en Limousin explique que pour lutter contre "l’hécatombe dans les EHPAD", la FNAPAEF ainsi que l’AD-PA (Association des Directeurs au service des Personnes Âgées) demandent un retour, encadré, des visites des familles.
Les associations proposent de mettre en place des "parloirs" ou plutôt des "espaces d'échanges dédiés, dans un jardin ou un restaurant, pour permettre aux personnes âgées qui peuvent se déplacer de rejoindre leurs proches dans ces lieux spécifiques.
Pour celles qui ne peuvent pas se déplacer, les associations demandent la permission, avec toutes les précautions adaptées, de se rendre au chevet des personnes âgées.
Dans le dispositif imaginé par ces associations, il serait question d'impliquer deux référents familiaux (deux personnes maximum par résident). Ces personnes pourraient être formées par les soignants aux gestes barrières, pour pouvoir rendre visite aux parents équipés de masques, de blouses...
700 000 aidants assurent un soutien moral et matériel
En France, 700 000 personnes accompagnent leurs proches en maison de retraite. Une aide précieuse selon Pascal Le Bihanic.
Ils assurent un soutien moral mais aussi matériel, extrêmement important compte tenu des sous-effectifs notoires en France. Ces référents familiaux aident pour nettoyer les lunettes, couper les ongles, changer une protection, manger, boire, se déplacer...
Craignant aussi une recrudescence de la maltraitance, la FNAPAEF demandent le retour des visites pour permettre à ces intervenants extérieurs d’"être vigilant par rapport aux respects des droits des personnes accueillies".
Si depuis le début du confinement, les Établissements d'Hébergement des Personnes Agées Dépendantes ont mis en place des courriers, des appels via le numérique, "rien ne remplace la présence physique" ajoute Pascal Le Bihanic.
Des mesures aussi défendues par la FNAPAEF ainsi que l’AD-PA dans les unités de soins longue durée (USLD), avec des précautions encore plus draconiennes.