Abandonnée par la SNCF depuis plusieurs années la ligne ferroviaire Bordeaux Lyon via Limoges et Guéret pourrait être remise en service en 2022. C’est la jeune société coopérative Railcoop installée dans le Lot qui porte le projet.
Cela n'est pas pour tout de suite. Il faudra attendre, au moins, 2022.
Mais après des années de mise en jachère puis d’abandon par la SNCF, la vénérable ligne ferroviaire qui relie Bordeaux à Lyon en passant par le Limousin depuis la fin du XIXe siècle a de fortes chances d’entamer une deuxième vie.
En 1916, le Président Edouard Herriot voulait même la prolonger jusqu’à Odessa en Ukraine. Elle s’arrêtera finalement à Genève.
Bordeaux-Lyon : une ligne ferroviaire crée à la fin du XIXème siècle
A partir de 1973, une magnifique rame équipée d’une turbine à gaz en fit l’une des lignes les plus confortables du pays.
Dans les années 2000, obnubilée par les TGV et la rentabilité, la SNCF ne trouvait plus d’intérêt à exploiter une liaison transversale d'aménagement du territoire. La ligne fut peu à peu morcelée et finalement abandonnée en 2014.
Aujourd’hui c’est justement cette notion d’aménagement du territoire que veut valoriser Railcoop en reprenant l’exploitation de la ligne Bordeaux-Lyon.
Et la toute jeune entreprise crée en 2019 a une particularité : c’est une société coopérative d’intérêt collectif, la première en France dans le secteur des transport ferroviaire. Railcoop est donc une entreprise qui appartient à ses sociétaires, 300 aujourd’hui.
Avec l’ouverture totale du transport ferroviaire français en décembre 2020 elle veut jouer la carte d’un train au service des territoires, sur des lignes transversales, en proposant des liaisons pas forcément très rapides mais sûres, confortables et bon marché.
Une offre complémentaire sur un marché sous-exploité
Ses dirigeants veulent proposer une « offre complémentaire » pour « aller où les autres opérateurs ne vont pas », persuadés que le "marché province-province" est porteur et largement sous-exploité.
Dès 2022 Railcoop compte relier Bordeaux à Lyon via Limoges et Guéret en 6h47 trois fois par jour.
La ligne desservira desservira Bordeaux, Libourne, Périgueux, Limoges, Saint-Sulpice-Laurière, Guéret, Montluçon, Gannat, Saint-Germain-des-Fossés, Roanne et Lyon.
La coopérative ferroviaire a réalisé une étude de marché et table sur 690 000 passagers annuels.
Contactée au téléphone, sa directrice générale, Alexandra Debaisieux, explique que, techniquement, la voie ferrée est « circulable » c’est à dire en bon état à l’exception d’un petit tronçon nécessitant quelques travaux.
Des contacts ont été pris avec l’entreprise Alstom. Le choix a été fait de louer des rames de type Régiolis pour transporter les voyageurs sur ce tronçon.
Alexandra Debaisieux explique qu’au delà de la liaison entre Bordeaux et Lyon, la priorité de Railcoop est de développer au maximum le maillage territorial et les connexions locales à partir de toutes les villes traversées par l’itinéraire. 291 connexions devraient ainsi être crées à partir de chacune des villes étapes entre Bordeaux et Lyon.
Elle nous a également annoncé que Guéret, situé à mi-chemin de la ligne, pourrait être choisi pour accueillir la base logistique qui hébergera les équipes de conducteurs et de personnel de bord. Une quarantaine d’emplois pourraient être crées dans la préfecture creusoise.
Une quarantaine d'emplois potentiels à Guéret
Mais s’il est bien lancé le projet n’est pas encore tout à fait sur les rails. Railcoop va encore devoir franchir plusieurs étapes financières et administratives.Elle doit d’abord atteindre une taille critique en réunissant un capital social d’au moins 1,5 millions d’€.
Un appel à souscription vient d’être lancé auprès des particuliers, des entreprises et des collectivités locales. Railcoop devra ensuite obtenir le feu vert administratif et règlementaire de plusieurs autorités gouvernementales et administratives.
Si tout se passe bien tout devrait être bouclé dans le courant de l’année 2021 pour une exploitation de la ligne à partir de 2022.