Coronavirus : les agriculteurs de la région de plus en plus inquiets

Face à l'épidémie de Covid-19, le doute gagne du terrain dans le monde agricole. Difficulté d'écoulement de la production, manque de main-d'oeuvre ou encore de semis, les problématiques s'accumulent. 

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"Les asperges elles, elles ne sont pas du tout confinée !" C'est avec une pointe d'humour que Cécile Dhé tente de dédramatiser la situation. 

Avec le beau temps et la douceur de ces derniers jours, le légume emblématique du début de printemps commence déjà à sortir de terre. D'habitude, cette période de l'année est très attendue par les producteurs, mais cette année, elle est source d'inquiétude.

J'ai quelques coups de fil de clients fidèles, mais c'est tout. Pour le moment, nous n'avons pas encore commencé la vente pour les particuliers, mais nous ne savons pas ce que cela va donner. On vend d'abord nos asperges aux personnes qui font les marchés, mais s'ils en viennent à interdire les marchés, c'est vrai que cela va devenir compliquer.
- Cécile Dhé, productrice d'asperges

Autre problème pour ces producteurs, le recrutement des saisonniers pour assurer la récolte. Pour les asperges, on les nome les "coupeurs". 

Ca ne va vraiment pas être simple pour en trouver. J'ai déjà plusieurs personnes qui ne pourront pas venir. D'habitude, nous avons beaucoup de jeunes retraités qui viennent pour s'assurer un petit complément de revenus, mais cette année, je pense qu'ils ne viendront pas.
- Cécile Dhé, productrice d'asperges

Dans ce contexte où l'incertitude demeure, Cécile Dhé tente d'anticiper. Pour être certaine de ne pas gâcher toute la production d'asperge, elle envisage de les envoyer à la conserverie si la situation ne s'arrangeait pas. 
Les maraîchers ne sont pas les seuls à s'inquiéter du contexte actuel. Les céréaliers sont aussi en proie aux doutes. 

Nous espérons recevoir les approvisionnements en temps et en heure pour les semis du printemps. À cause des mauvaises conditions climatiques de l'année dernière (sécheresse et forte pluie) nous en avons plus à faire cette année pour essayer de rattraper les pertes. Nous avons aussi besoin de carburant en quantité suffisante pour travailler. Nous espérons surtout que nos deux salariés ne vont pas être infectés car sans eux, le travail dans les champs ne se fera pas et cette situation mettra en péril notre entreprise, mais aussi leurs emplois. 
- Emma Hay, céréalière dans le sud vienne

"Soyons tous responsables !"

Une crainte du virus qui pousse certaines exploitations à prendre des mesures. Pour eux, impossible d'arrêter de stopper leurs activités. 

Si la filière agricole fonctionne, nous devrions pouvoir travailler et honorer nos factures. Toutefois, en cas de contamination, la situation sera difficile. Pour éviter que cela arrive, nous avons fermé la barrière et mis une pancarte avec des consignes d'accès stricte accédant à l'exploitation. Nous n'allons ouvrir qu'aux transporteurs ou autres camions nécessaires à notre fonctionnement. Nous avons averti la famille qu'il est désormais interdit de venir sur l'exploitation. Nous sommes inquiets pour nous, pour nos confrères, les salariés et nos familles alors soyons tous responsables !
- Emma Hay, céréalière dans le sud vienne

Un énième coup dur

Une inquiétude légitime amplifiée par la situation économique préoccupante de nombreuses exploitations. L'importante sécheresse de 2019 a laissé des traces et l'année 2020 est primordiale pour certains agriculteurs. Les pluies de printemps ne sont pour le moment pas favorable à une bonne récolte du blé, les céréaliers attendent donc avec impatience les semis de maïs. Encore faut-il que ces derniers puissent être livrés. 

L'épidémie sème aussi le doute quant aux livraisons d'engrais et de nourriture pour le bétail. Autant de choses indispensables à la survie d'une exploititation. Certaines exportations pourraient également être compromises. Les caprins et les bovins à destination de l'Italie, durement touchée par la pandémie, seraient notamment concernés. 

Les Chambres d'agricultures mobilisées

Pour mieux accompagner les agriculteurs inquiets, les Chambres d'agricultures de la Vienne et de la Charente-Maritime. Dans la première de ces organisations, le président Philippe Tabarin souhaite une concertation avec les organisations professionnelles agricoles, les banques et la MSA pour identifier les exploitations en difficulté et faire connaître les mesures d'aides. 

Pour que les Français ne manquent de rien dans les rayons des enseignes alimentaires, la Chambre d'agriculture de Charente-Maritime rappelle de son côté, la mission essentielle du monde agricole. 

L’agriculture et toutes les filières de l’agro-alimentaire de Charente-Maritime continueront à assurer la production et la distribution des produits alimentaires. (…) La nécessité d’avoir chez nous une agriculture forte et diversifiée apparait plus que jamais fondamentale dans ces périodes de crises.
- Communiqué de presse de la chambre d'agriculture de la Charente-Maritime.

Des agriculteurs solidaires

Malgré toutes leurs difficultés, la solidarité des agriculeurs avec le reste de la population ne fait aucun doute. En ces temps où beaucoup de Français craignent de manquer de vivres, le monde agricole se mobilise pour les rassurer et leur venir en aide. 

Tous espèrent tout même que la crise sanitaire ne durera pas, pour ne pas mettre en péril une profession déjà fragilisée. 

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