Ils sont directeurs de salles, artistes, techniciens. Tous partagent les mêmes angoisses quant à la non-reprise des concerts debout à cause du Covid-19. Une lettre ouverte interpelle le gouvernement. Parmi les signataires en Poitou-Charentes, Malik Djoudi ou le directeur de la Sirène à La Rochelle.
Ils sont déjà près de 1500 à avoir apposé leur signature en bas de la lettre ouverte envoyée au gouvernement. Directeurs de petites ou de (très) grandes salles, artistes, producteurs, techniciens, tourneurs, du monde du privé ou du public… Tous demandent expressément aux autorités compétentes d’accompagner le secteur de la musique, qui navigue en eaux troubles depuis de début de la crise du Covid-19. Leur combat est simple : définir un cadre de travail pour préparer le retour des concerts debout dans les salles, d’où le nom de cette lettre ouverte, "contre la mise à genoux de la musique."
Parmi les signataires, plusieurs salles de la région comme le Confort Moderne à Poitiers, le Camji à Niort ou encore La Sirène à la Rochelle. David Fourrier, son directeur, en est d’ailleurs l’un des instigateurs. "Jusque quand allons-nous être oubliés ?" demande-t-il, alors qu’il avait déjà exprimé ses craintes en juin si aucune mesure n’était annoncée concernant une possible reprise des concerts "en configuration debout.""Après plus de 4 mois d’arrêt complet et à moins de 40 jours de la reprise habituelle de nos saisons de spectacles, de nos tournées et de nos concerts, nous (…) réclamons depuis plusieurs semaines un positionnement de votre part quant à une possible échéance de reprise des concerts en configuration debout."
"On a le sentiment d’être oubliés"
David Fourrier tient à préciser que cette lettre ouverte n’a pas pour objectif de "faire du forcing" pour une reprise trop rapide, ayant "pleinement conscience de la situation sanitaire et de ses incertitudes." Les professionnels du secteur veulent simplement avoir un calendrier de reprise et avancer, alors que "rien n’a bougé depuis le décret du 31 mai interdisant la tenue de spectacles en station debout" se désole-t-il. Pourtant, le syndicat des musiques actuelles dont il fait partie "a sollicité le précédent gouvernement aux alentours du 10 juin, en demandant la même chose que notre lettre ouverte d’aujourd’hui." Des demandes visiblement restées sans réponses.Alors, les professionnels se sont réunis et ont décidé de peser collectivement pour espérer obtenir des indications sur l’avenir de leurs métiers. "D’autres professions ont obtenu des réponses sur les conditions sanitaires applicables, explique-t-il, comme les cinémas, les restaurants, les cafés ou encore les clubs sportifs. On a été les premiers à fermer nos établissements. On est une profession très responsable et on a besoin d’un cadre pour travailler et remobiliser les artistes, relancer les billetteries…"?TOUS DEBOUT CONTRE LA MISE À GENOUX DE LA MUSIQUE
— Syndicat SMA (@SMA_syndicat) July 23, 2020
1500 structures et artistes signent une lettre ouverte au gvt pour demander des perspectives claires et cohérentes en vue de la réouverture des salles de concertshttps://t.co/2eYgDytWyc#concertsdebout pic.twitter.com/Zh8NzEERbp
Artistes, techniciens, directeurs de salles...
Au-delà des directeurs de salles, c’est toute la filière qui est impactée par la crise du Covid-19. "C’est une problématique partagée par l’ensemble de la filière qui se reflète dans les signataires de cette lettre ouverte. Il y a des artistes de toute obédience, plein de producteurs privés, toutes les fédérations et tous les syndicats, énormément de salles. Plein de salles privées parisiennes mais aussi des grosses structures comme les Zénith qui ont apporté leur signature" se réjouit le directeur de la Sirène à La Rochelle.Parmi eux, Malik Djoudi, artiste poitevin nommé aux victoires de la musique. Il n’a pas hésité une seule seconde avant d’apporter sa signature. "Toute la profession s’est mise en ordre de bataille. On est un secteur qui marche souvent sur un fil. Cette crise nous a touché en plein cœur, alors il faut des actions collectives pour qu’on se relève" déclare l’artiste. "Un artiste n’est rien sans un tourneur, sans une salle. Cette crise va impacter tout le monde. Il est difficile pour le gouvernement de proposer un calendrier, de trouver des assurances mais il faut au moins nous considérer et nous donner les clés pour savoir comment s’organiser."
Programmation pour septembre ?
Qu’ils soient artistes ou techniciens, tous les professionnels du secteur de la musique signataires de la lettre ouverte se sentent oubliés par le gouvernement. Même si la peur de "perdre du monde" grandit à mesure que les annonces se font attendre, ni Malik Djoudi ni David Fourrier ne baissent les bras.Le premier a quelques concerts prévus en extérieur cet été et espère pouvoir reprendre sa tournée à l’automne. À La Rochelle, le directeur de la Sirène a d’ores et déjà prévu deux programmations distinctes pour la rentrée de septembre. "Une qui est composée de concerts debout et de concerts assis, et une uniquement avec des concerts assis" raconte David Fourrier. "On serait beaucoup plus à l’aise si le gouvernement nous disait clairement qu’on ne peut pas rouvrir ou qu’on peut, sous telles conditions." Le message est lancé.